PATTAYA
Une comédie barrée qui ose tout
En quelques années, Franck Gastambide s’est imposé comme l’un des nouveaux visages de la comédie hexagonale aussi bien comme acteur que réalisateur. Si son premier passage derrière la caméra s’était limité à adapter sa série à succès, "Les Kaïra", cette deuxième réalisation était son vrai baptême du feu. Séparé de ses compères, l’homme avait cependant un atout dans sa poche : un pitch délirant dans lequel son sens aiguisé de la bonne blague potache allait pouvoir s’exprimer. L’histoire est celle de petits gars de la banlieue, plus bisounours au langage de charretiers que véritables caïds, qui trouvent un « plan de ouf » pour s’envoler vers la sulfureuse station balnéaire de Pattaya. Il leur suffit d’enrôler le nain du bâtiment C, le faire participer à un combat de boxe thaï et à eux la Thaïlande.
Célébration de l’humour décomplexé, "Pattaya" est une comédie où les vannes fusent sans aucun répit. Dans cet univers de luxure, il n’est pas question de faire dans la finesse, tous les sketchs frôlent le mauvais goût et s’inscrivent dans des codes outranciers. De la farce scatophile aux plaisanteries sur les personnes de petite taille, en passant par les galéjades sur la vie en Thaïlande, rien ne nous est épargné. Sauf qu’en préférant l’archétype à la caricature, l’auteur-réalisateur parvient à dynamiser son récit et à faire souffler un vent de liberté sur son écriture scénaristique, offrant à ses sketchs une véritable envergue. Avançant sur cette corde très raide, le métrage reste toujours du bon côté, celui du rire gras mais sincère.
Surtout, le film, à l’énergie galvanisante, bénéficie de qualités plastiques inédites pour le genre, renforcées par un montage chirurgical. Cette peinture d’une bande de crétins s’avère ainsi bien plus nuancée et cocasse que ce qu’avaient laissé entrevoir les différents trailers. Parce que Gastambide réussit à faire accepter le faible quotient intellectuel de ses protagonistes comme une évidence, "Pattaya" peut explorer tous les champs du possible du comique de situation. Malgré quelques oscillations dans le rythme, cette comédie déjantée et généreuse se consomme agréablement. Avec dix premières minutes de folie, de nombreux cameos, une bande originale aux sonorités rap entraînantes, et des séquences déjà cultes, ce vaudeville 2.0 est même un gros « kiff » pour reprendre leur vocabulaire.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur