Festival Que du feu 2024 encart

PASOLINI

Un film de Abel Ferrara

Irritant et sans âme

Rome, novembre 1975. Les derniers jours du réalisateur, poète et écrivain italien Pier Paolo Pasolini, auteur de « Théorème » ou « Salo ou les 120 journées de Sodome »...

Deux ans après son décevant "4h44 dernier jour sur terre", Abel Ferrara n'aura pas convaincu le public ni le jury du Festival de Venise 2014 en présentant en compétition son très attendu « Pasolini ». Le film s'ouvre sur une interview de l'homme, considérant que « tout est politique », même le sexe. Une interview qui reviendra ponctuer le récit, dans laquelle il explique qu'il se considère comme un écrivain et tente d'évoquer son goût pour la provocation.

Tentant d'embrasser toutes les facettes créatives de l'auteur, à la fois réalisateur, poète et écrivain, Ferrara ne réussit cependant à donner de celui-ci qu'un aperçu sans réelle substance, usant d'interviews peu éclairantes, de bribes de souvenirs, en même temps que d'éléments de son dernier roman et de la préparation de son dernier film. S'il expose certains de ses penchants – de son attirance pour les jeunes hommes, à son goût pour la souffrance –, il ne parvient pas à capter son aspect rebelle, se contentant d'évoquer son approche d'une société où éducation et matérialisme ont eu raison de l'humain, et qui est vouée aujourd'hui à posséder et détruire.

S'il évoque furtivement par quelques plans certains films du réalisateur tant contesté, il ne montre au final que peu de choses de son travail, utilisant des systèmes de fondus pour donner à voir des bribes de processus créatifs. Il ne semble malheureusement pas plus s'intéresser à sa vie privée. Reconstituant pourtant son assassinat lors d'une longue scène finale, il préfère donner une place inconsidérée à des scènes sans intérêt (l'arrivée de Clara avec ses cadeaux, le repas avec le jeune homosexuel...) plutôt que de creuser ses traumas ou ses drames intimes. Une sensation d'autant plus renforcée que le long métrage dure à peine plus d'une heure vingt-cinq. Un véritable et malheureux naufrage, malgré un Willem Daffoe impliqué.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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