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PARTISAN

Un film de Ariel Kleiman

Tuer le père

Au bord d'un bidonville australien, un homme semble se construire un abri. Plus tard, il se rend dans une clinique et y rencontre une jolie femme venant d'accoucher. Onze années plus tard, on retrouve ce couple dans un vieil immeuble peuplé de femmes et d'enfants…

Dans un décor presque post-apocalyptique se dressent de grandes barres d'immeubles défraîchies aux allures de bâtisses soviétiques. Nous sommes pourtant en Australie, au sein d'une petite communauté auto-suffisante composée exclusivement de femmes et d'enfants, à l'exception de Gregori, unique mâle de la tribu dont il semble être le chef. Il l'a fondée avec Susanna qu'il a rencontrée dans une clinique onze ans auparavant alors qu'elle accouchait d'un petit garçon, Alexandre. C'est aujourd'hui son anniversaire.

Pour son premier long-métrage, l'australien Ariel Kleiman s'intéresse aux communautés ayant choisies de vivre en marge de la société, tout en prenant le regard du jeune Alexandre comme point de vue. Ceci crée des séquences vraiment très intéressantes durant la première moitié du film, comme ces distributions d'étoiles (bon points) qui permettent à ceux qui en ont le plus d'être acclamés par la communauté pour ensuite chanter en soirée karaoké maison. La mise en place de tous ces codes à travers les rituels imposés par un gourou naturel, interprété par un impressionnant Vincent Cassel tout en nuances, fonctionne très bien. Ce dernier est un personnage intéressant et difficile à cerner. Il semble que le réalisateur et l'acteur jouent à un jeu d'équilibristes, rendant la tâche de déterminer si Gregori est un personnage aux intentions pures ou perverses, plutôt ardue. On suit donc avec intérêt toute cette première partie, valorisée par une atmosphère retranscrivant le huis-clos et le mystère entretenu par des ellipses bienvenues.

Malheureusement, Ariel Kleiman ne parvient pas à entretenir ce climat tout du long. Lorsqu'Alexandre commence à se rebeller contre la parole d'évangile de Gregori qu'il soupçonne de mentir, la réussite de la première partie se retrouve ébranlée. On finit même par vouloir en savoir plus sur des intrigues peu développées jusqu'alors, comme le passé de Gregori qui le pousse à haïr ou craindre le monde extérieur, ou encore la raison de ce besoin d'argent pour cette communauté auto-suffisante se contentant d'un confort sommaire et refusant tout ce qui vient de l'extérieur. On comprend finalement aisément que le réalisateur désire nous emmener vers une parabole assez évocatrice sur le passage à l'âge adulte lors duquel le pré-adolescent cherche à s'affranchir de l'autorité parentale. Difficile de déterminer si cette incursion s'intègre mal à l'histoire ou si cette première partie nous a mal préparés à cette évolution narrative, toujours est-il que pour un film sur l'autarcie, "Partisan" demeure moins intéressant qu'un " Canine " ou qu'un "Innocence".

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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