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PARANORMAL ACTIVITY 3

Esprits gonflants

En 2005, quelques temps avant les événements paranormaux relatés dans les précédents épisodes, Katie retrouve de vieux enregistrements effectués par son père. Ce sont ces bandes, tournées en 1988, qui sont présentées ici : petites filles à l’époque, Katie et sa sœur furent déjà confrontées aux vilains esprits frappeurs…

Puisqu’on ne change pas une recette qui rapporte beaucoup d’argent, Paramount reprend presque les mêmes et relance la machine « Paranormal Activity », respectant le rythme d’un opus tous les ans aux États-Unis. Il est vrai que le ratio budget / recettes motiverait n’importe quel producteur, suffisamment pour que chaque nouvel épisode soit écrit, réalisé et balancé au public en moins de temps qu’il n’en faut pour se resservir du pop corn. Et comme les spectateurs ne sont pas tous complètement idiots, il n’était pas question de pondre une énième suite bateau : c’est donc à un prequel que nous convient Henry Joost et Ariel Schulman, faisant preuve ainsi d’une originalité plus lucrative qu’époustouflante.

Hormis le fait que l’intrigue se déroule désormais à la fin des années quatre-vingt et qu’elle mette en scène les personnages féminins des deux premiers volets lorsqu’elles sont encore enfants, « PA 3 » use d’un dispositif éprouvé : grande maison d’une banlieue californienne anonyme, positionnement de caméras dans les chambres et le salon, portes qui claquent et lumières qui s’allument d’elles-mêmes. À configuration identique, défauts identiques, notamment dans les réactions et les choix des personnages : habitude de filmer quoi qu’il arrive, de ne jamais fuir devant les manifestations les plus étranges, de vérifier leurs enregistrements de bon matin pour constater que l’esprit frappeur a encore frappé, et d’aller chercher leurs réponses dans des livres opportunément disponibles, etc.

La seule pointe d’originalité de cet opus consiste en une nouvelle trouvaille de mise en scène : en sus des caméras fixes disposées dans les chambres, Dennis (un gentil papa qui malheureusement ne prend jamais les bonnes décisions, déterminisme du scénario oblige) bricole un ventilateur qu’il place dans la pièce principale, de manière à ce que la caméra opère un panoramique régulier allant du salon à la cuisine. Idée joliment frustrante, puisqu’il faut attendre que le mouvement perpétuel se mette en branle pour espérer apercevoir ce qui se passe de l’autre côté du mur. Dommage que cet intelligent système ne devienne insupportable au bout de trois minutes, du fait précisément de sa lenteur.

En dehors de rares péripéties amusantes ou grinçantes, l’essentiel du film se déroule sans joie ni enthousiasme, dans une épuisante litanie de dialogues inutiles et de réactions illogiques. Aucune mise en scène, aucune liberté de mouvement ne vient épauler un scénario amorphe. Jusqu’au dénouement, plus balourd que brutal, laissant évidemment une fin largement ouverte pour le prochain épisode. Un petit conseil aux producteurs pour l’avenir : considérant le manque d’ambition esthétique et l’absence d’audace scénaristique de « PA 3 », vous pouvez aussi bien, pour le numéro quatre, récupérer des morceaux de bandes envoyées à Vidéo Gag. Au moins, on pourra se marrer.

Eric NuevoEnvoyer un message au rédacteur

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