PARANOÏA
Un thriller redoutablement efficace entièrement tourné au téléphone portable
Une jeune femme, travailleuse acharnée, décide de consulter suite à une mauvaise rencontre faite via internet. Victime d’un harceleur, ayant changé d’adresse, elle se confie à une conseillère, qui lui fait signer des papiers prétendument anodins, mais qui autorisent en fait l’institution à la garder en observation pendant 24 heures. Déstabilisée, elle découvre alors que l’un des infirmiers n’est autre que celui qui la harcelait. À moins que ce soit une nouvelle fois son imagination…
Avec "Paranoïa", Steven Soderbergh (la trilogie "Ocean’s Eleven", "Contagion") nous revient avec un thriller terriblement efficace, quelque part entre "Misery" et "Vol au dessus d'un nid de coucou". Huis-Clos en milieu psychiatrique, celui-ci doit beaucoup à l’interprétation de son actrice principale, Claire Foy, qui impressionne, et à celle de Juno Temple, qui s'offre ici un second rôle d'une violence incroyable.
Mais la véritable prouesse du film est d’avoir été entièrement tourné en 4K à l’IPhone 7 Plus (à l’exception des images issues des drones), donnant à la fois une sensation d’immersion auprès de celle qui est enfermée contre son grès et une qualité d’image indéniable. Soderbergh a pour cela utilisé l’appli FiLMiC Pro qui permet de contrôler vitesse d’obturation, température de couleur et netteté, et dispose d’une fonction commande à distance via un autre téléphone. Le résultat est remarquable, jusque dans les effets de dédoublements de l’image qui constituent les moments de délires du personnage, soumis à des traitements violents aux médocs.
Tourné dans un véritable hôpital désaffecté (Highland Creek), en un temps record, l’ambiance du film n’en est que plus authentique. Quant au scénario, qui joue en permanence sur l'ambiguïté entre réalité et paranoïa, il fait intervenir nombre de personnages secondaires intéressants, de la mère du personnage à un flic conseiller (Matt Damon), en passant par un autre patient au rôle surprenant. Cela fait longtemps que l’on avant pas autant sursauté, et on adore ça.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur