PAPA OU MAMAN
Une bonne comédie un poil trop classique
Florence et Vincent faisaient partie de ces couples modèles : une belle situation professionnelle, de beaux enfants et un amour radieux entre eux. Et aujourd’hui, à l’heure de leur divorce, ils pensaient franchir l’étape avec la même réussite. Le seul hic c’est qu’ils ont tout les deux obtenu une promotion de rêve, et que chacun compte bien refourguer les enfants à l’autre pour ne pas la mettre en péril…
Prix du public au dernier Festival de l’Alpe d’Huez, c’est précédé d’échos très positifs que débarque sur nos écrans le premier film de Martin Bourboulon, « Papa ou Maman ». Et la lecture du postulat de départ n’a fait que renforcer notre forte envie de voir le résultat. Car il y a dans cette chronique d’un divorce une source inépuisable de gags en tout genre. Florence et Vincent étaient le couple qui faisait rêver : un mariage réussi, de beaux enfants et une vie professionnelle épanouie. Sauf que le temps a consommé l’amour, et que l’heure du divorce a désormais sonné. Mais pas de panique, les anciens amoureux comptent bien franchir cette étape avec le même talent.
Toutefois, Florence est promue sur un chantier au Danemark tandis que Vincent se voit enfin proposer l’un de ses rêves : partir en mission humanitaire. Conséquence : plus personne ne veut des enfants, et les deux parents vont alors tout faire pour refourguer leur progéniture à l’autre. C’est le début d’une guerre sans pitié qui va s’établir à deux niveaux : entre les adultes, et les adultes contre les enfants. Car les ex-tourtereaux sont persuadés d’avoir trouvé la meilleure solution : dégoûter les enfants de vivre avec eux. Dans cette bataille familiale, tous les coups seront alors permis, les deux parents redoublant d’inventivité pour multiplier les crasses et les mauvais coups.
La succession de saynètes toutes plus perfides les unes que les autres est terriblement jubilatoire pour les spectateurs. Les situations cocasses et les coups bas fusent dans ce vaudeville des temps modernes. Surtout, les dialogues aiguisés sont terriblement drôles, les vannes acerbes n’étant jamais bien loin. Et cette écriture jouissive n’est autre que l’œuvre des récidivistes Alexandre de la Patelière et Mathieu Delaporte à qui l’on doit notamment « Le Prénom ». Néanmoins, on regrettera que cette folie ne soit pas totale, une certaine retenue empêchant le film d’être l’objet loufoque qu’on espérait.
Si Martin Bourboulon apporte une image léchée bienvenue pour cette comédie, il a malheureusement un peu trop enfermé ses personnages dans des codes convenus, là où il disposait pourtant du potentiel pour une grande farce subversive. Un brin trop conventionnel, le film annihile l’explosivité de son duo de comédiens, certes excellent, mais dont la prestation aurait été encore plus réjouissante si on leur avait laissé plus de liberté. Dommage…
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur