PAJU
Un méli-mélo peu convaincant
Pour son deuxième long-métrage, la réalisatrice sud-coréenne s’est lancée dans un projet complexe : celui de conjuguer une histoire d’amour (le rapport ambigu du héros et de sa belle-soeur) et une intrigue policière (qu’est-il arrivé à l’épouse ?) sur fond de crise sociale locale (des gens sont dépossédés de leur appartement par les autorités) dans un contexte politique grave (la résistance sud-coréenne en faveur des rebelles du Nord). Résultat : “Paju” est film bancal, souvent confus, qui joue sur trop de tableaux en même temps. En effet, si chacun des sujets est digne d’intérêt et même plutôt bien traité, leur juxtaposition nuit considérablement à la lisibilité de l’ensemble.
Par ailleurs, le principal défaut du film réside dans l’usage abusif de flash-backs pas toujours justifiés, et qui au contraire complexifient lourdement l’intrigue. “Huit ans plus tôt”, “trois ans plus tard”, “un an plus tôt”, etc... Suivre le film devient vite l’enfer, surtout lorsque l’on réalise que l’intrigue propice au suspense est désamorcée à mi-parcours. Reste que “Paju” parvient tout de même à captiver à travers son propos social. Les scènes qui illustrent les actions de protestations des habitants, vêtus de combinaisons et armés de cocktails molotov pour lutter contre les démolitions forcées, sont de vraies scènes de lutte armée. Et au coeur du mal-être : l’urbanisation aveugle orchestrée par le gouvernement coréen et mise en oeuvre avec l’appui des mafias locales. Intéressant, mais insuffisant pour faire tenir le film.
Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur