OUTREAU : L’AUTRE VÉRITÉ
Notes d’intention
On ne connaît les tenants et aboutissants de l’affaire Outreau que par ce que les médias ont bien voulu nous en dire il y a dix ans. Incompétence du juge Burgaud, condamnations injustes et grande émotion au journal télévisé : voilà ce que l’on en retient. En voulant donner la parole, entre autres, à deux des enfants victimes, le réalisateur Serge Garde tente de rétablir, non pas LA vérité, mais une vérité, loin des débats passionnels et de la débauche de sensationnel, à l’époque, de mise.
Sur le papier, l’intention est louable de tenter de décrypter le vrai du faux. À l’écran, le résultat est tout autre. Il est bien sûr difficile d’attaquer un tel film, dont la note d’intention semble si importante : pointer du doigt les vraies fautes de la justice (l’intervention du procureur général Yves Bot, l’acharnement des avocats de la défense sur les enfants, etc…), donner la parole à ceux qui ne l’ont pas eu (la vraie qualité du film, émouvant quand il laisse s’exprimer des victimes à la trajectoire brisée par l’horreur). Seulement, il ne suffit pas d’enchaîner les entretiens face-caméra pour donner du relief à ce qu’on raconte.
En l’état, "Outreau : l’autre vérité" aurait plus sa place sur un écran de télévision. Que ses instigateurs aient voulu lui donner sa chance en salles n’est pas à condamner. Encore aurait-il fallu qu’ils s’en donnent les moyens.
Frederic WullschlegerEnvoyer un message au rédacteur