OSCAR ET LA DAME ROSE
Chronique (poignante) d’une mort annoncée
Autant vous prévenir tout de suite : les larmes vont couler ! "Oscar et la dame Rose" compte parmi ces films qui vont droit au cœur et qui provoquent chez le spectateur des transports d’émotions. Quoi de surprenant me direz vous, avec un tel sujet. Et pourtant ce film est loin d’être douloureux. Juste une triste et belle histoire dont on sort très ému, mais nullement cafardeux.
Dans un décor intemporel qui lui est propre, Eric-Emmanuel Schmitt nous livre un conte de Noël coloré où l’on quitte les couloirs de l’hôpital pour rejoindre les cordes d’un ring imaginaire. Les combats de catch inventés de toutes pièces par Rose, permettent chaque jour à Oscar d’être un petit garçon comme les autres. Un univers splendide et merveilleux où "l’étrangleuse du Languedoc" met en pièce ses plus féroces rivales. Des scènes magiques qui ponctuent régulièrement la véritable trame du film.
Fidèle à son roman, le cinéaste retranscrit admirablement à l’écran l’essence même de son histoire : l’analyse singulière du comportement humain face à la mort. La répartie de Madame Rose, naturelle et provocante, exprime les mots que tout un chacun aimerait trouver face à l’inévitable. Elle symbolise pour le malade la considération qu’il est encore bel et bien vivant. Les dialogues, magnifiquement écrits, sont aussi troublants qu’efficaces. Un cynisme salvateur qui permet à Oscar de vivre les derniers jours de sa vie comme si il s’agissait d’une vie entière.
L’écrivain a pris de gros risques en adaptant son roman. Une mise en scène aérienne, une photo esthétique, une musique de Michel Legrand… Autant d’apparats qui auraient pu dénaturer l’œuvre originale de son contenu si précieux. Or ce parti-pris, surprenant au premier abord, une fois couplé aux dialogues poignants de la Dame Rose et du petit garçon, décuple l’émotion et provoque chez le spectateur de chaleureux sanglots. Rares sont les films capables de bouleverser ainsi une salle entière, une performance qui en soi atteste d’un œuvre parfaitement aboutie.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur