OPPRESSION
Du grand n’importe quoi !
Deuxième long-métrage de Farren Blackburn après "Hammer of the Gods", un direct to DVD sorti en 2013, "Oppression" apparaît comme un projet beaucoup plus ambitieux avec une sortie internationale et une actrice de renommée mondiale en tête d’affiche. Malheureusement, il ne suffit pas d’avoir l’ambition de faire un bon film pour y parvenir. Et en l’occurrence, "Oppression" est tout sauf un bon film.
Pourtant, de l’ambition, il y en avait ! En témoigne le choix d’Yves Bélanger en tant que directeur de la photographie. Un technicien chevronné que l’on a notamment pu voir à l’œuvre dans "Laurence Anyways" de Xavier Dolan, ou auprès du réalisateur canadien Jean-Marc Vallée sur "Dallas Buyers Club" – film triplement oscarisé en 2014 –, "Demolition" ou encore "Wild".
Le film commence par une séquence d’exposition qui nous permet de découvrir le quotidien de Mary, mère courage dévouée à son légume de beau-fils. On comprend combien cette situation lui pèse et à quelle point elle se sent seule à prendre soin de ce corps qui semble vide, sans vie.
Vient ensuite l’élément déclencheur en la personne de Tom, interprété par le jeune Jacob Tremblay. Ce petit garçon sourd vient en consultation chez Mary la pédopsychiatre, qui finit par s’attacher à son petit patient. Par la suite – on ne sait ni pourquoi ni comment – Tom fugue et vient se réfugier dans le garage de Mary. C'est la première scène de tension du film. Mary sort voir d’où vient le bruit qu’elle a entendu dans son garage et découvre finalement sa voiture, vitre brisée, avec Tom à l’intérieur. Bof. Une scène qui manque cruellement de peps et d'enjeux.
Finalement, Tom fugue de nouveau, et ça y est, le film est lancé. Des bruits étranges se font entendre dans la maison, Mary croit devenir folle et en parle par Skype à son psychiatre, atteint du syndrome de Scully, jusqu’à ce qu’il voit en direct à la webcam que quelque chose ne tourne pas rond dans cette maison perdue en pleine forêt. Ça y est, le thriller démarre ! Il y a donc quelqu’un dans la maison ! Un rebondissement plutôt bien mis en scène. On voit ce qui se passe sur l’écran, un peu comme sur une vidéosurveillance. Cela suscite un sentiment d’impuissance puisque tout comme le psy qui assiste à la scène, on sait quelque chose que Mary ignore. Quelqu'un a pénétré dans sa maison, et cette personne n'a pas l'air bien intentionnée.
[ATTENTION SPOILER] Le film aurait pu se finir de bien des manières, malheureusement pour nous, le scénario a prévu un twist complètement à l’ouest. Car le méchant n’était autre que Stephen !! Depuis des années il faisait croire à sa belle-mère qu’il était handicapé – allez savoir pourquoi – alors qu’en fait, non ! C’est même lui qui s’est emparé du petit Tom et qui l‘a caché à la cave, jaloux de ce dernier qui était en train de lui prendre sa maman… Voilà, c’est à ce moment précis qu’"Oppression" bascule dans le grand n’importe quoi. C’est également le début de la séquence finale au cours de laquelle Mary et Tom essaient de fuir Stephen. On y retrouve tous les code du thriller, mais dans le mauvais ordre, et cela traîne vite en longueur. Mais finalement, après de longues minutes d’attentes, c‘est la délivrance ! Fin du film, générique, ouf… [FIN DE SPOILER]
Malgré les ambitions et les bonnes intentions à l’origine d’"Oppression", le réalisateur Farren Blackburn ne parvient pas à créer une tension suffisante pour que son film fonctionne. Celui-ci tombe parfois dans un pathos assez agaçant, et que dire du retournement de milieu de film... ? Une heure trente que l’on aurait mieux fait de consacrer à autre chose…
Adrien VerotEnvoyer un message au rédacteur