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L'OPÉRA

Une visite derrière le rideau

Une saison dans les coulisses de l’Opéra de Paris, portée par la danse, la musique, le chant lyrique… Voilà une façon de découvrir cette exigeante et mystérieuse institution à travers le regard de ceux qui la font vivre...

Ce documentaire nous ouvre les coulisses de l’impressionnante institution qu’est l’Opéra de Paris. Peu de personnes sont réellement familières avec l’univers du lyrique, une question se pose donc tout naturellement : est-ce un film pour les connaisseurs ? La réponse est non. Le réalisateur lui-même avoue qu’il était complétement étranger à ce monde avant le tournage et c’est sûrement cela qui donne cette indéniable fraîcheur et ce regard singulier.

Le film débute par une réunion préparatoire à la conférence de presse du lancement de saison. L’équipe de direction discute ce qui doit être mis en avant ou non, scène qui prête à sourire et permet de briser une certaine barrière entre le spectateur et cette institution qui pourrait sembler hostile. Ce documentaire est également intéressant car il soulève clairement les problématiques auxquelles le monde de la culture fait face : on y voit Stéphane Lissner devoir gérer les préavis de grève et éviter de justesse le pire, à savoir l’annulation d’une représentation, mais se pose également la question de l’éventail des prix des places de spectacles, un sujet épineux du fait de la réduction des budgets, mais essentiel puisque c’est un élément majeur de la démocratisation culturelle. En effet, il faut se demander quel public on souhaite faire venir à l’Opéra. Un enjeu similaire est soulevé avec les « Petits violons », une action mise en place permettant à une classe de CM2 d’apprendre le violon à l’Opéra puis, à la fin de l’année, de se produire sur scène et d’inviter leurs parents à découvrir le fruit de leur travail (et, par la même occasion, ce lieu mythique).

Au-delà de ces quelques considérations politiques, Jean-Stéphane Bron sait créer de réelles passerelles entre les coulisses et la scène. Tout au long du film, nous suivons différentes personnalités de l’Opéra et notamment Micha Timoshenko, un jeune bariton-basse sélectionné pour entrer à l’Académie, qui découvre avec émerveillement l’Opéra de Paris. Nous le voyons dès son audition puis en répétitions, essuyant parfois des déceptions et croisant le chemin de ses idoles… Nous sommes également au cœur des temps forts de la saison : c’est le cas lors du casting du taureau qui sera sur scène pour les représentations de « Moïse et Aaron » et qui donnera bien des sueurs froides à l’équipe technique. Impossible de ne pas rire devant l’image cocasse de ce taureau, broutant tranquillement dans son enclos, à côté d’une enceinte lui diffusant du chant lyrique. Bien sûr, le documentaire retrace une saison à l’Opéra mais également une année difficile pour la France et aucun de ces événements ne sont omis, ni le départ de Benjamin Millepied alors à la tête du Ballet, ni la minute de silence en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015, respectée des cuisines de l’Opéra à sa scène légendaire.

Cependant, ce qui émane surtout de ce documentaire est l’incroyable exigence portée par ce collectif, car chacun est un maillon de la chaîne et est pleinement conscient de son rôle à jouer. Des « Petits violons » à qui on inculque le souci de la perfection aux régisseurs qui vivent chaque seconde du spectacle comme s’ils étaient sur scène, l’Opéra est un microcosme porté par une ambition commune : perpétuer l’excellence et continuer de faire vibrer le public toujours plus intensément.

Lucie GaillardEnvoyer un message au rédacteur

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