ON THE JOB
Passionnant
Ce fut l'une des surprises du Festival de Cannes 2013, à rechercher du côté d'une Quinzaine des réalisateurs décidément riche de par sa multitude de genres. "On the Job" est donc un petit film policier philippin, au point de départ tout bonnement formidable : des prisonniers sont engagés pour effectuer ponctuellement des contrats, en assassinant à l'extérieur des hommes d’affaires et autres figures politiques. Certains gardiens de la prison font ainsi partie d’un réseau, permettant à ces tueurs d’entrer et sortir en toute discrétion...
Au cœur d'un récit dont la complexité semble sans faille, le scénario positionne cinq personnages masculins. Le premier, un homme âgé, sur le point d’obtenir une liberté surveillée, peut profiter de ses escapades pour entrer en contact avec sa femme, dont il essaye de prendre soin à distance. Le second, sa nouvelle recrue, est un jeune homme un peu trop pressé de réussir, et qui aime à se vanter de sa position privilégiée. L'un apprend à l'autre les rouages du métier, le réalisateur synthétisant à merveille le fonctionnement dans une scène au savant découpage, gagnant ainsi un spectateur déjà captivé.
Face aux aller-venues du duo de gangsters, on suit en parallèle l’enquête de trois policiers, dont l’un disparaîtra rapidement du tableau, découvrant progressivement les dessous d'un système où personne ne semble clean. En prise directe avec ceux qui tirent les ficelles et n’ayant pas forcément eux-même intérêt à ce qu’une affaire soit résolue trop vite, ils sont les révélateurs de la toile d'araignée dans laquelle tout le monde se débat.
Collant peu à peu aux basques de nos deux héros, ils rajoute au piment d'une histoire riche en terme de contextes personnels (situations familiales, contact avec les proches, trahisons...). En résulte un polar exaltant, qui captive par son intensité et la profondeur de personnages à la fois humains et attachants. Le spectateur en ressort épuisé, grâce à un rythme qui ne faiblit jamais, et à l'imbrication d'enjeux intimes et professionnels, Quant au réalisateur, il se permet de grandes audaces de mise en scène, des plus fluides mouvements de caméra jusqu’à la plus improbable des scènes d’amour. Un petit bijou au suspense poignant, doublé d’une histoire douloureuse de passage de relais et de survie.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur