ON-GAKU : NOTRE ROCK
Guitar… Hey Ho !
C’est l’été. Alors qu’ils n’ont jamais touché à un instrument de leur vie, une bande de lycéens légèrement délinquants décide de monter un groupe de rock. Avec, en guise de leader, un certain Kenji dont le comportement et les réactions sont assez imprévisibles…
A première vue, "On-Gaku : Notre Rock" semble accumuler tous les choix possibles pour laisser son spectateur dans un état de frustration avancée. Un graphisme extrêmement sommaire, des personnages qui restent souvent silencieux pendant plus de dix secondes chrono (ou dont on suit la marche en travelling latéral pendant le double !) et un rythme inexistant qui fait ressembler la chose au prologue sans cesse redémarré d’une success-story musicale. Il faut un petit quart d’heure pour qu’un certain humour à froid se détache de ces partis pris radicaux, et pour que l’on tisse un léger parallèle avec le cinéma de Takeshi Kitano. Soit un certain cinéma nippon qui misait beaucoup sur le mutisme de ses personnages, le minimalisme de la mise en scène et la fameuse technique de l’élastique. On peut s’autoriser à y voir une qualité, étant donné que l’on rigole souvent de ce qui frise le foutage de gueule. Il faut dire que cette technique du « vide qui provoque le rire malgré lui » a toujours fait recette, qui plus est avec un protagoniste avant tout caractérisé par un verbiage neurasthénique et des yeux de poisson. Sans parler de cette rivalité entre deux groupes de rock, ici assez proches de deux clans de yakusas prêts à sortir le couteau et le flingue au moindre petit début de tension – on retrouvait souvent ça chez Kitano.
Le film sort un peu de sa torpeur lorsque la musique intervient et s’autorise alors un minimum de percées psychédéliques et surréalistes. Il y a ce plan zarbi où une jeune femme semble tout à coup avoir élu domicile dans un univers digne de Salvador Dali à la seule écoute du groupe, ou encore, plus simplement, cette animation crayonnée qui devient vivante et vibrante quand untel gratte sa guitare. Sans oublier le clou du spectacle qui consistera à laisser le récit et les enjeux partir en vrille à cause d’un air de flûte (on ne spoilera rien, mais sachez juste que c’est très space !). Reste toutefois un problème impossible à résoudre : le scénario reste limité aux deux lignes de son synopsis et, à force de ne pas repousser les murs narratifs qui l’encadrent, finit par tourner en rond dans son petit manège arythmique. Chez Kitano, au moins, la lenteur était amie de la zénitude, usant de la contemplation avec un sens inné du cadre et de la composition poétique, et suscitant de facto un spectre d’émotions très vaste. Rien de tout ça dans "On-Gaku", sinon la simple impression de suivre une poignée de personnages dont l’énergie interne rejoint trop souvent celle d’un escargot shooté à l’éther, et aussi celle de voir un moyen-métrage qu’on aurait voulu étirer le plus possible, histoire de tomber légèrement au-dessus de soixante minutes de film. Une technique régulièrement vouée à l’échec.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur