ON DIRAIT LA PLANÈTE MARS
Mars à l’ombre
David se porte volontaire pour une expérimentation spatiale particulière : reproduire sur Terre les conditions d’une mission habitée qui est en cours sur Mars. Comme les quatre autres participants, il est retenu car son profil psychologique correspond à l’un des astronautres. Leur cohabitation doit permettre d’anticiper les problèmes de la vraie mission et de suggérer des solutions…
Après "L'Astronaute" du Français Nicolas Giraud, le nouveau film du Québécois Stéphane Lafleur ("En terrains connus", "Tu dors Nicole") est une autre proposition singulière sur la conquête de l’espace. Mais ces deux films sont bien différents, bien qu’ils partagent une économie de moyens et une part d’intimisme et de mélancolie. Offrant des situations décalées alliant absurde et burlesque, "On dirait la planète Mars" parvient à trouver un équilibre délicat entre rire et réflexion métaphysique.
En effet, si l’on s’amuser (voire s’esclaffer franchement) grâce au détournement des clichés hollywoodiens (par exemple la rencontre entre l’astronaute et les cow-boys en plein désert) ou grâce à des personnages qui se situent à mi-chemin entre Buster Keaton et Aki Kaurismäki, le film de Stéphane Lafleur nous emmène vers des interrogations plus profondes. Ainsi la mise en abyme permet d’aborder avec intelligence la question de l’identité et les limites entre vrai et faux. A quel point doit-on être franc et transparent ? Doit-on agir en fonction des attentes ou en fonction de ses propres convictions et émotions ? Surprenant jusqu’au bout, "On dirait la planète Mars" nous désarçonne. On peut même être bouleversé. Et pour une fois, notons que le titre choisi par le distributeur français rend plus justice au film que le titre original ("Viking").
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur