OLIVER TWIST
Une reconstitution épatante, mais un récit plombé par une guigne exacerbée
L’adaptation de Roman Polanski du roman de Dickens (1837) arrive enfin sur les écrans, près de trois ans après son auréolé Le Pianiste. Etrangement, cette histoire d’une noirceur insoutenable, ne trouve ici aucun équilibre dans un humour quelconque, british ou non, vite évacué pour laisser place à la lente descente aux enfers, qui fait office d’initiation aux difficultés de l’existence, pour cette enfant défavorisé dès le départ, mais qui connaîtra bien pire.
Malgré une reconstitution impressionnante et soignée du Londres du début du XIXème siècle, aussi poisseux que ses habitants ; malgré des contrastes pauvres / riches des plus saisissants ; toute beauté est annihilée par une absence d’espoir, et surtout une opposition constante entre vision enfantine nécessaire et influence néfaste et perverse des adultes. Cette dernière est d’ailleurs traitée de manière tellement lisse, que l’effroi lié à cette histoire ne prend jamais à la gorge. Polanski a peut être trop voulu s’adresser aux enfants.
Face au jeune Barney Clark, sympathique, mais au visage toujours frais, Ben Kingsley, méconnaissable, compose un Fagin dont la seule ambiguïté aurait due faire frémir. Seule une scène de geôles vers la fin, soulève à ce propos une émotion soudaine, mais inespérée, autre qu’un sentiment de fatalité présent tout au long de la séance. Il est d’ailleurs amusant de noter, que ce garçon dénommé Twist, l’a été lors de son arrivée à l’orphelinat, par un homme qui attribuait des noms aux enfants , dans leur ordre d’arrivée, et en prenant successivement chaque lettre de l’alphabet. Un peu comme pour les cyclones actuellement. Sauf qu’Oliver n’est pas une tempête lui-même, mais qu’il s’agit plutôt, malheureusement pour lui, du monde qui l’entoure.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur