OLEG
L’éternel étranger
Oleg, jeune homme letton, travaille à Bruxelles dans un abattoir. Alors qu’un collègue roumain vend de la viande volée en douce, lui se tient plutôt à carreau, restant le plus possible discret. un jour, un autre boucher, alcoolisé, se coupe par accident et pour sauver son poste, l’accuse de l’avoir poussé. Oleg est alors renvoyé et est aidé par un groupe de polonais, qui lui trouvent un boulot dans la pose de panneaux solaires…
"Oleg" débute par une vue aérienne sur la lisière d’une forêt enneigée. Là, une silhouette d’homme étendu se dessine, alors que la glace se fend. Revenant régulièrement au récit de l’agneau sacrificiel, auquel sera évidemment comparé le personnage principal, migrant letton désireux d’une vie meilleur, devant faire face à l’injustice puis à l’exploitation de la part de groupes mafieux, le film retrace le calvaire d’un innocent qui ne peut compter sur (presque) personne.
Arnaques, menaces, pressions, violence morale et physique, Oleg ressemble à une descente aux enfers, créant au final une allégorie autour de la solitude du migrant. Éprouvant et esthétique à la fois, le film offre aussi quelques parenthèses symboliques, en lien avec la scène initiale, faisant du personnage le prisonnier d’une société dont il sera l’éternel sacrifié.
Niveau mise en scène, le film captive, du formidable plan séquence dans les abattoirs, à une caméra mouvante nous plongeant dans la promiscuité d’une cohabitation forcée, ou accompagnant certains gestes d’apparence anodins, en passant par des effets de va-et-vient et d’accélération efficaces. On ressort de la séance éprouvé, conscient de la difficulté de ceux qui frappent à la porte d’un monde où seuls les plus forts semblent survivre.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur