L'OGRE DE LA TAIGA
Devinette et légendes montées de toutes pièces
Entamant chaque court-métrage animé par « Je vais vous parler de la Russie », la voix-off accompagne chaque introduction des contes de la série russe baptisée « La Montagne des joyaux ». Après un point rapide sur un peuple particulier, agrémenté de détails historiques et d'éléments sur des traditions ou des cultures locales, chaque histoire est alors développée dans un style différent. Après « La Balade de Babouchka » qui présentait déjà en décembre dernier, 4 des 52 épisodes, Les films du Préau nous en proposent ici 4 autres, toujours à destination des plus petits.
Premier volet, « Le Chat et la renarde » démarre un peu à la manière du « Petit Poucet », avec l'abandon d'un chat (et non d'un enfant) par un Moujik au fin fond de la forêt. Perdu et vulnérable, celui-ci se fait alors passer pour un gouverneur et épouse une renarde arriviste, qui voit en lui une aubaine pour impressionner ses voisins. Récit d'une soif de pouvoir, s'intéressant aux devoirs qui vont avec, le film conte le gouvernement par l'image (et la réputation, parfois usurpée). Les plus petits, eux, retiendront surtout la présence d'un mignon petit lapin, un peu perdu parmi tous ces puissants.
Deuxième court-métrage, « Les Trois chasseurs » est l'histoire d'hommes, capturés avec leur chien par un géant de la forêt qui compte bien faire d'eux leur festin, à moins que chacun ne lui raconte une histoire d'un animal, sans qu'il puisse deviner lequel. Il s'agit donc d'un recueil de trois histoires décrivant un animal qui avait peur de tout, un animal chinois avec une queue immense, qui ne faisait que jouer des mauvais tours aux autres, et enfin une bestiole avec des bois sur la tête. Sur le principe des devinettes, on se dit qu'au final tous ces animaux ne pourraient faire qu'un... On notera en tout cas le traitement de l'histoire centrale, délicate et poétique, à base de pâte à modeler.
« La Petite Khavroshka » ressemble à bien des égards à notre « Cendrillon », revue et corrigée, sans cette fois de soulier de vair, mais avec une vache magique et un fils de Tsar à la place du prince. Si elle ne surprend donc pas, cette histoire d'une petite fille orpheline recueillie par une mégère, dont les trois filles ont respectivement un, deux et trois yeux, et lui confiant les pires corvées, a le mérite de l'efficacité. A noter que la technique pour se sortir des pires tracas est une nouvelle fois ici, comme dans le court-métrage « La Maison des biquettes » (vu dans « La Balade de Babouchka »), une petite chanson visant à endormir les autres.
La compilation se termine cette fois-ci avec « Gare aux loups ! » qui, démarrant dans la ferme d'un paysan ayant un bouc particulièrement maladroit, esquive vite l'humain, en ne montrant que ses bras, ses jambes et ses mains, pour mieux se centrer sur les animaux, qui s'enfuient dans une forêt effrayante. Le jeu de faux-semblants réapparaît ici, lorsque ceux-ci, frigorifiés, rencontrent des loups, regroupés autour d'un feu. Une nouvelle occasion de se demander qui sera le plus malin entre les puissants et les plus faibles.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur