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OCTUBRE

Un film de Daniel Vega, Diego Vega

Usurier fatigué

Un usurier découvre à sa porte un panier, avec un bébé dedans. Il va dans un premier temps tenter de s'en débarrasser de manière légale, faussement persuadé que l'enfant n'a rien à voir avec lui. Sa voisine, qui aimerait lier une relation avec lui, en profite pour s'incruster chez lui régulièrement, sous prétexte de s'occuper de l'enfant...

"Octubre" est un film péruvien qui met en scène un prêteur sur gage peu sociable, qui va retrouver un certain goût au contact, grâce à l'apparition d'un bébé dans un panier, vraisemblablement abandonné par l'une de ses anciennes compagnes ou relations occasionnelle, avec lesquelles il ne s'est jamais impliqué. L'arrivée de ce gamin non désiré va provoquer quelques changements structurelle dans l'existence de cet homme apparemment sans âme, toujours l'air fatigué voire abattu. Il va accepter que sa voisine s'occupe ponctuellement du gamin et pénètre donc dans son espace. Il va aussi se laisser aller à s'impliquer dans les combines d'un de ses clients, un petit vieux, dont la femme est en fauteuil roulant, faisant pour une fois preuve d'un minimum de générosité. D'un point de départ finalement assez proche de celui de « L'enfant de Kaboul » (un chauffeur de taxi recueillait un bébé abandonné par une cliente sur la banquette arrière), les frères Vega vont donner naissance à une œuvre décalée, se concentrant sur la réapparition du lien social.

Prix du jury à Un certain regard en 2010, « Octubre » est une comédie douce-amère, touchante, souvent drôle, à force de détails plus visuels que dialogués, entre film social faisant une forte place à la débrouille (comment se dégoter un fauteuil roulant gratis...) et comédie pince sans rire. L'acteur principal, Bruno Odar est parfait, en quasi-cinquantenaire à la tête de chien battu, et s'avère pour beaucoup dans la mise en place du ton si particulier qui caractérise ce premier film. Persécuté par une voisine qui voit en lui un potentiel compagnon, il va devoir laisser se craqueler une épaisse carapace qui était jusque là son seul contact au monde. Surtout que la belle, en ce mois de processions (qui ponctuent de manière inquiétante le récit), va user de moyens pour le moins inattendus pour parvenir à ses fins (comme par exemple essorer son linge sale dans un brot d'eau après s'être essuyé le sexe avec...). Une invasion progressive d'un espace privé, pour mieux rouvrir un cœur aux autres. Joli.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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