OBLIVION
Des qualités, des resucées et des défauts !
Joseph Kosinski reviens à peine deux ans après son "Tron, l’héritage" pour adapter son propre roman graphique, coécrit avec Arvid Neson. On reconnait, ne serait-ce qu’à la vue la bande-annonce, l’influence vidéo-ludique du réalisateur (Kosinski était infographiste pour cinématiques de jeux-vidéos avant de s’atteler à la réalisation de long-métrages). "Oblivion" nous présente une Terre méconnaissable, complètement dévastée, et hormis quelques rares vestiges d’édifices parsemant ça et là le désert ambiant, il est difficile d’imaginer que cette planète était autrefois peuplée. A présent, la seule activité notable reste d’immenses engins pompant les océans et les drones programmés pour abattre une invasion extraterrestre pour le moins discrète…
Sur cette surface quasi-déserte se trouve un édifice perché dans le ciel servant de base avancée à un couple de techniciens rendant des compte à un immense vaisseau mère sensé contenir l’intégralité de la population humaine avant son rapatriement sur un autre astre, proche de Saturne. Bien qu’ils n’en n’aient aucun souvenir, vu qu’ils se sont fait flasher la mémoire avant de descendre accomplir leur mission, les deux compères crèvent d’ailleurs d’envie de rejoindre ce vaisseau qui leur fait de l’œil. Le début contient son lot de répliques ridicules débitées par Tom Cruise et sa compagne de fortune interprétée par Andrea Roseborough, récemment vue dans "Shadow Dancer". Ils sont certes confinées à deux dans un magnifique loft agrémenté d’une piscine extérieure, mais de là à rendre ces personnages complètement béats dans l’exécution de leurs tâches quotidiennes, qui plus est en période de guerre, rend cette mise en place assez risible. Heureusement, les décors et les moult effets spéciaux sont assez hallucinants pour en avoir plein les yeux, à défaut des oreilles (bien que le sound design soit également époustouflant).
Ce n’est que lorsque les deux personnages sortent de leur routine et arrêtent leurs commentaires de Bisounours, et que l’intrigue s’installe, que le film devient entièrement savoureux. Le piège tendu par les « Scav’s », la découverte de la balise radio et du crash de la navette sont autant de bons moments mettant en place petit à petit les rebondissements à venir. Il en revanche regrettable que Kosinski en montre trop sur les agissements des « Scav’s » tapis dans l’ombre, car ces courtes séquences donnent trop de clés permettant d’anticiper sur les retournements de situations finalement très prévisibles. C’est d’ailleurs là que le bât blesse… Ces révélations, aussi renversantes soit-elles pour les personnages, ne le sont guères pour le spectateur n’ayant pas manqué les classiques de science-fiction de ces quinze dernières années. Il est certain que si "Oblivion" était sorti ne serait-ce qu’avant "Matrix" ou "Moon", il serait directement entré au Panthéon des œuvres de science-fiction marquantes, et ce, malgré ses cotés parfois « nanardesques ». C’est aussi l’inconvénient de fouler un terrain déjà bien sillonné…
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur