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NUIT DE CHIEN

Un film de Werner Shroeter

Insupportable

Un quarantenaire débarque d'un train, dans une ville en Etat de siège. Au milieu des gens qui tentent de partir par le dernier bateau disponible, il cherche désespérément une femme, Clara...

Werner Schroeter (« Deux », « Malina ») nous revient, avec une oeuvre sombre, située dans une ville assiégée, où affluent de nombreux réfugiés, pour certains atteints du choléra. Un contexte autodestructeur d'une micro-société, où Pascal Greggory erre à la recherche de la femme qu'il aime, disparue, cherchant également à récupérer les billets qui lui permettront de fuir en bateau. De cette base inquiétante, le réalisateur extrait une pathétique pantomime, sur fond de corruption, de décadence et de déchéance politique.

Adapté du roman « Une nuit de chien » (1943) de l'uruguayen Juan Carlos Onetti, le récit n'est pas des plus limpides, alignant les personnages non crédibles (Gregorry et son sourire béat, forcé à souhait) comme les scènes de provocation ou de maltraitement. Celle où deux policiers demandent au pédé de service, interprété par un portugais, de montrer son cul, et lui font subir les derniers outrages, est particulièrement déplacée. Mais c'est peut-être là le but de l'auteur, montrer l'insupportable, l'esprit délétaire, le mépris de l'autre, en temps de guerre, de misère intellectuelle et humaine, ou de déchéance d'une démocratie. Mais Schroeter se défend de tout message...

Aussi mal joués (ou devrait-on dire déclamés), que découpés, les dialogues du film sonnent faux de bout en bout, atteignant l'insupportable, avec des réactions outrancières et mal placées (il faut entendre le cri d'exaspération de Bulle Ogier, face caméra: un grand moment de ridicule !). Sans parler de la scène du cabaret, moment phare, et symptomatique d'un cinéma qui se regarde le nombril, et joue lui aussi, la décostruction (ah, la soudaine musique classique, sortie d'on ne sait où). Si l'atmosphère intrigue au début, le tournage étant situé dans une ville du Portugal aussi sombre que fascinante par sa structure, on déchante rapidement face au fouillis ambiant. Mieux vaut s'enfuir à toutes jambes.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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