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NUESTRO TIEMPO

Un film de Carlos Reygadas

Une réflexion sur l'amour, le sexe et la fidélité, à la limite du gênant

Dans la campagne mexicaine, une famille élève des taureaux de combat. Le dresseur de chevaux, un gringo, part à Mexico avec Esther, la femme du patron, qui n’est pas insensible à ses charmes. Juan, son mari, poète resté au ranch, s’occupe des bêtes. Mais il se doute que leur liaison ne saurait tarder…

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Mettant en scène initialement l'innocence de l'enfance face aux arrières pensées (sexuées) adolescentes, au travers d'une longue scène de baignade et de jeux dans une eau boueuse, le réalisateur mexicain Carlos Reygadas ("Batalla en el cielo", "Post Tenebras Lux") ouvre son film avec des plans de toute beauté. Il s'intéressera ensuite aux rapports amoureux entre adultes et à la relation du couple à la sexualité, développant au travers d'une histoire de liaison, une sorte de réflexion très personnelle sur la fidélité, l’union, la polygamie voire l’échangisme.

Le film commence avec 45 minutes qu’il décrit lui-même comme « sensorielles » (certainement les plus beaux moments du film, proches du cinéma originel du metteur en scène), faisant rentrer le spectateur dans une région, son ambiance, sa météo, ses coutumes, avant même d’éclaircir le « qui est qui » des personnages. Puis c’est étonnamment le verbe qui prend pour une fois le dessus, comme si Reygadas n’a pas su exprimé son trouble et ses interrogations autrement que par les mots. Son récit est ainsi progressivement plombé par les passages écrits (lettres, SMS), parfois lus par diverses voix-off (de l’homme ou de la femme…), ou les échanges entre le mari et l’amant, qui se veulent amis.

De plus, si le passage d'espaces ouverts à des moments plus resserrés sur les personnages contribue à créer une ambiance de malaise, celui-ci provient finalement surtout du fait que Reygadas se donne ici le rôle principal et fait jouer aussi femme et enfant, rendant ainsi son histoire un peu gênante pour le spectateur, qui se demande s'il n’assiste pas ici à une séance de psychanalyse de groupe. Et il faut bien avouer que le jeu de Reygadas lui même, par moments peu convainquant, n’enlève rien à la pesanteur du métrage. Et si les non-dits exprimaient finalement mieux le doute, même à l’écran ?

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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