NOVIEMBRE
Plaidoyer idéaliste pour un art libre
Poussé par son esprit idéaliste, Alfredo décide de créer “ un art plus libre, qui sort du coeur, et qui permet aux personnes de se sentir en vie ”. Son concept du théâtre se déroule dans la rue, dans un face à face permanent avec le public, quel que soit l’endroit. Sa troupe « Noviembre », prend alors possession de la rue, repoussant les limites, les censures…
Sans nul doute, ce film est un choc, et ce pour plusieurs raisons.
D’abord par le choix de narration et de mise en scène qui a été effectué. Toute une partie du film est classique, les personnages évoluent à l’écran, le cadre spacio-temporel est clair… mais pourtant, ensuite, des images des mêmes personnages 30 ans plus tard sont montrées, avec des personnages qui racontent et commentent leurs propres actions, donnant un aspect documentaire au film. Cet aspect est d’ailleurs renforcé ensuite par des « images d’archives ». Jamais dans le film, le spectateur n’arrive donc à réellement se faire une idée claire pour savoir s’il assiste à une fiction ou un documentaire… au final c’est un sentiment à la fois gênant et plutôt excitant que nous offre cette narration.
Mais le choc viendra surtout de l’histoire qui nous est proposée. Dans le film, le réalisateur réussit à opérer sur le spectateur une gradation des sentiments très impressionnante. Il suscite tout d’abord la curiosité, l’envie d’en savoir plus sur cette bande d’idéalistes, puis une profonde excitation et des grands éclats de rires lorsque l’on découvre les différents « happenings » tous plus fous les uns que les autres auxquels se sont livrés ces illuminés. Et pourtant, à la fin, c’est presque avec les larmes aux yeux que l’on ressort du film.
Au final, ce sont surtout les concepts et les enjeux sous-jacents à cette histoire qui m’ont marqué. La forme éveille l’intérêt du cinéphile, l’histoire amuse et attriste l’homme, mais au final c’est surtout la fibre artistique et citoyenne de chacun d’entre nous qui est touchée par ce magnifique plaidoyer pour la liberté de l’artiste et du spectateur, pour un art spontané et participatif, gratuit et sans limites.
Noviembre est donc à mon sens un très grand film que j’ai pris énormément de plaisir à voir, même si l’honnêteté me poussera à préciser que les avis étaient parfois tout aussi tranchés contre lui dans la salle.
Rémy MargageEnvoyer un message au rédacteur