N'OUBLIE JAMAIS
A trop en faire, on tue l'émotion
La première image de « N'oublie jamais » cadre d'emblée le genre du film : le mélo sirupeux. Avec une envolée de cygnes au dessus d'une rivière où se reflète un soleil couchant d'un rouge superbe, mais presque surnaturel, le contemplatif est posé en principe. Et le spectateur doit alors se coltiner tous les clichés du sud américain, plans d'eau, bateaux et bayou. Les images sont certes magnifiques, comme lors d'une promenade en barque au milieu de centaines de cygnes, mais ne font pas un film.
Vous l'aurez compris, le romantisme est donc de mise, dans cette histoire d'un amour contrarié, où les classes sociales figurent en barrière insurmontable. Si les deux jeunes interprètes sont très convaincants (Rachel Mac Adams buttée et enflammée est une vraie révélation et Ryan Gosling, charmeur et blessé, a gagné en prestance), la pâleur fardée de Gena Rowlands lui donne des allures de poupée figée.
L'émotion est donc bien présente dans les déchirements du jeune couple, alors que les effets appuyés lors des scènes avec les personnes âgées, doublées d'un faux suspens, finissent par en anéantir la moindre lueur. Un film sur la force de la passion, résolument ancré dans le sud, mais loin d'être efficace, féroce ou touchant comme pouvait l'être par exemple « Beignets de tomates vertes ».
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur