NOTRE UNIVERS IMPITOYABLE
Et si...
« Notre univers impitoyable » marque le retour des films aux récits alternatifs, dans lesquels le scénario est basé sur un intelligent « et si... ». C'était le cas de « Me myself and I », qui racontait la vie alternative d'une suicidaire en herbe jouée par Rachel Griffiths, ou de « Pile et face (Sliding doors) »dans lequel on découvrait les deux destins de Gwyneth Paltrow. Ici, le montage complexe du film, permet un récit linéaire et alternatif à la fois, un détail ou une parole permettant de passer de la version où la femme a le pouvoir à celui où c'est l'homme qui a été promu. Entre jalousie enfouie de l'une, consentant aux sacrifices de la maternité, et acceptation complice de l'autre, qui ne va pas sans culpabilité de la gagnante, la promotion s'accompagne aussi de contraintes plus typiques.
On ne coupera évidemment ni à la liaison avec la secrétaire (décidément formidable Julie Ferrier, à voir absolument dans « Paris » de Klapisch) et le harcèlement sexuel par le patron, mais tout cela relève au final, non pas du cliché, mais d'une étude assez fine des implications des rivalités de carrières sur un couple. Des petites frustrations, on passe aux humiliations apparemment sans conséquences (servir le café), puis aux mépris profond y compris pour la vie privée. Dans ces deux rôles, deux jeunes acteurs excellent de complicité, de rancoeur, de colères et de déceptions cachées: Alice Taglioni, resplendissante et hautaine, et Jocelyn Quivrin, naïf et volontaire. On les aime et on attend avec impatience leurs prochaines apparitions.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur