NOTRE DAME
Une petite douceur fantaisiste pour terminer l’année
Maud Crayon, architecte employée en agence, mère de deux enfants, voit régulièrement son ex venir squatter lorsque sa nouvelle copine le out dehors. Remportant, suite à un mystérieux phénomène, le concours de requalification du parvis de Notre Dame, lancé par la mairie de Paris, elle croise le chemin d’un amour de jeunesse, devenu journaliste…
Il se dégage du cinquième film de Valérie Donzelli (auteure du bouleversant "La Guerre est déclarée", du fantasque "Main dans la main", mais aussi du décevant "Marguerite et Julien"), un air de fantaisie, aussi assumée que savamment dosé par rapport au sérieux de certains sujets. Car dans "Notre dame", au-delà de la charmante bluette du personnage principal (interprété avec un mélange de légèreté et de distance par Donzelli elle-même) avec celui de Pierre Deladonchamps ou de la tendresse pathétique autour de Thomas Scimeca, il est question de nombreux sujets plus sérieux.
De la domination masculine dans le monde du travail (Samir Guesmi est un parfait patron possessif et intéressé), de la surcharge de tâches que les mères prennent en charge, des scandales stériles autour du mélange entre constructions contemporaines et patrimoniales (la sortie de métro prévue initialement devient peu à peu un bien gênant symbole…), mais aussi de la violence urbaine quotidienne, de la séparation et d’indépendance. Et Donzelli ose à la fois différentes approches formelles, comme le délicieux décalages dans les comportements quotidiens (ici des passants ou personnages se donnent soudain des claques, comme si cela était monnaie courante).
Mais ce qui fait la joie du spectateur est avant tout la tendresse déployée autour de certains personnages (la copine gynéco jouée par la trop rare Virginie Ledoyen, le pote de boulot incarné Bouli Lanners…), tout autant que la découverte de merveilleux contre-emplois. Si Claude Perron en fait partie, comme Philippe Katerine en chef de cabinet, c’est surtout Isabelle Candelier ("Bancs publics", "Effroyables jardins") qui mérite de multiples louanges pour sa composition saisissante de la maire de Paris. En jonglant entre émotion et humour, Donzelli séduit sans mal, creusant des sujets qu’elle connaît tout en insufflant une belle dose de fantaisie. Une comédie parfaite pour cette période de fêtes de fin d’année.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur