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NOS RETROUVAILLES

Un film de David Oelhoffen

Des retrouvailles aïe aïe !

Gabriel et Marco n’ont pas que le blouson en cuir en commun. Le premier est également le père du second. Après de nombreuses années de séparation, Gabriel revient vers son fils, jeune homme trentenaire qui vit de petits boulots et se passionne pour la boxe. Leurs retrouvailles vont à la fois être synonymes de bonheur et de projets, mais le père de Marco, pour démarrer cette nouvelle vie, envisage de s’enrichir... en faisant un casse. Il a un plan et il veut entraîner son fils avec lui...

Dans le dossier de presse de « Nos retrouvailles », on apprend des choses très intéressantes. Par exemple, le scénario de ce premier long-métrage écrit et réalisé par David Oelhoffen, présenté à la Semaine de la critique au festival de Cannes 2007, a été lauréat des trophées du Premier scénario du CNC et de la Fondation Gan. Le précédent court-métrage de David Oelhoffen « Sous le bleu » a été sélectionné à la Mostra de Venise 2004 et nommé aux Cesar du meilleur court 2006. Son moyen-métrage « En son absence » réalisé en 2001 a eu le prix de qualité CNC. Et ce ne sont que quelques exemples de la vie de David Oelhoffen qui, depuis 10 ans déjà, court sur les plateaux de réalisation (4 courts, 1 moyen et 1 long-métrage de réalisé, 2 projets en cours !) et court « après » les récompenses. De quoi pressentir une belle carrière en perspective !

Un premier long-métrage est généralement un test grandeur nature qui confirme le talent d’un jeune réalisateur (Oelhoffen est un jeune de 39 ans !) remarqué avec ses courtes réalisations. Aux vues de ces « Retrouvailles », on peut se rassurer d’avoir un nouveau venu qui maîtrise son sujet, son cadre et sa direction d’acteurs. Mais on peut craindre un manque d’audace, un énième auteur qui se fond dans le moule du film social. Le principal défaut de son nouveau film est qu’il radote un peu. Car si on aime les relations père-fils au cinéma (« De battre, mon coeur s'est arrêté »...), si on affectionne les « je ne te laisserai pas tomber papa, même si je dois y laisser des plumes », si on apprécie les dimensions sociales des films de genre (« La Raison du plus faible »), si on adore les casses entre potes même sans Brad et George, ce sont tellement des sujets rebattus qu’il fallait une bonne dose d’inventivité pour intéresser le spectateur, chose qu’on a du mal à trouver dans « Nos retrouvailles ».

On passe donc un agréable moment en compagnie de ce microcosme en ébullition, avec une caméra au plus près des acteurs, qui inspecte chaque fragment de peau, chaque émotion. Le grand Jacques Gamblin donne la réplique à un jeune Nicolas Giraud, époustouflant et qu’on a envie de revoir au plus vite. Tous deux essaient de trouver leur place dans la société en générale et dans leur cercle intime, en particulier, usant d’humanisme pour l’un ou de bassesse pour l'autre.

Côté musique, tendez l’oreille et laissez-vous emporter par des airs de nouvelles scènes avec Jack the ripper et The Dodoz. Une bonne bande originale ne peut foncièrement pas appartenir à un mauvais film !

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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