NOS ÂMES D'ENFANTS
La Douceur des sentiments
À la suite d’une crise familiale, Johnny se retrouve à devoir s’occuper de son neveu, Jesse. S’il n’a aucune expérience en termes d’éducation, les deux êtres vont doucement s’apprivoiser, au point de développer une relation particulière…
C’est d’abord une voix, celle d’un journaliste traversant le pays de l’Oncle Sam à la recherche des peurs et des espoirs de la nouvelle génération. Sillonnant les grandes villes américaines, magnétophone en poche, le journaliste interroge des jeunes sur leur vision de l’avenir. Peut-être qu’à travers ses interviews, Johnny essaye lui-même de comprendre quel est son futur, son rôle dans cette société, lui, l’éternel solitaire. Mais son quotidien va être bousculé lorsque sa sœur lui demande de prendre soin de son fils, le temps que celle-ci règle les problèmes de santé de son époux. Entre l’oncle et le neveu, c’est le début d’une histoire d’amitié émouvante, entre deux êtres rongés par une solitude, restés trop longtemps des inconnus l’un pour l’autre.
Si Mike Mills avait pu recourir à des images d’archives ou de l’animation dans ses précédents longs métrages, cette fois, il a décidé de se focaliser sur le réel, sur deux âmes s’apprivoisant au fur et à mesure d’un voyage forcé. Pudique et sobre, avec un sentiment d’intimité renforcé par un sublime noir et blanc, le film assume parfaitement ses bons sentiments, ne recherchant jamais le spectaculaire ou la surenchère dramatique. Néanmoins, cette fausse modestie ne laisse en aucun cas présager une mièvrerie ; bien au contraire, "Nos âmes d’enfants" est une vibrante ode à l’enfance, avec la sincérité, la naïveté et les doutes inhérents à un tel âge. Mélancolique et élégant, ce récit initiatique a tendance à un peu trop se répéter, mais dès qu’il appuie à nouveau sur le bouton « play », cet exercice de style réaffirme (s’il le fallait) que Joaquin Phoenix est définitivement l’un des meilleurs acteurs de sa génération !
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur