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NORWAY OF LIFE

Un film de Jens Lien

Un terrifiant monde aseptisé

Un homme réservé est débarqué par un bus au beau milieu d’une grande pleine désertique. Là, auprès d’une ancienne station service, un homme l’attend, pour l’emmener dans un ville où il doit commencer un travail de compatbilité. Dans ce lieu à la fois technique et aseptisé, la routine et l’ennui arrivent bien vite…

Présenté à la semaine de la critique de cannes 2007, et grand vainqueur du dernier Festival de Gérardmer (avec 4 récompense dont le Grand Prix), 'Norway of life' nous invite à un voyage dans un univers imaginaire, pas si éloigné d'une société vers laquelle voudraient nous voir évoluer nos chers politiciens, comme certes firmes tentaculaires adeptes du contrôles des masses. Entre perte de repères et réactions étrangement inertes des autres habitants, un malaise s'installe peu à peu dans l'existence du personnage principal, comme dans le regard acerbe du spectateur. Mettant en évidence une société où il ne faut pas se distinguer, et où les réactions de chacun ne peuvent être que dignes et lisses (même en cas de séparation où seul compte le repas organisé avec des amis le samedi suivant pour lequel on pourrait reporté la date fatidique...), le scénario, subtil, construit minutieusement un monde où il n'y a logiquement ni emballement, ni drame. Et les enjeux personnels de chacun (décoration intérrieure, respectabilité) apparaissent du coup d'une froideur épouvantable.

Avec un certain humour décalé et mordant, le réalisateur offre une vision esthétique et isolée de la société moderne (et Norvégienne?) où la décoration (coup de pied dans la fourmilière uniformisante Ikea du voisin Suédois) et le paraître sont les seuls objectifs d'une vie. Intelligemment, le personnage principal devient l'élément perturbateur, car il découvre un trou dans un mur, d'où s'échappent des sons et odeurs, qui pourraient redonner à chacun le goût à la vie. En ligne de mire, les limites de la société de consommation et les goûts stéréotypés voire programmés. Mais l'atout fondamental de 'Norway of life' réside aussi dans son interprète principal, Trond Fausa Aurvag, acteur lunaire, au charme discret et au regard curieux, confronté à de classiques dilemmes de l'homme engoncé dans ses habitudes (divertissement, adultère...), mais aussi surprenament malmené par... une rame de métro! Un film drôle, décalé et pertubant, à la limite du fantastique.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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