NON-STOP
Twists, turbulences et (pas mal de) trous d'air
Avant tout, une question sérieuse : depuis le succès planétaire de "Taken", Liam Neeson a-t-il réellement envie d’emprunter la même pente glissante que Nicolas Cage ? En effet, l’acteur accumule les thrillers d’action les plus anodins avec une insistance si suspecte que l’on en vient parfois à oublier qu’il a tout de même incarné Oskar Schindler dans un chef-d’œuvre de Steven Spielberg. Cette fois-ci, pas de bol : en dupliquant la formule gagnante du passable "Sans identité" (même réalisateur, même scénario manipulateur, même rythme, etc…), l’équipe de "Non-stop" nous place dans une situation très délicate. Le postulat est simple : un agent de la police reçoit des SMS d’un inconnu qui réclame une rançon sous peine de faire un massacre à bord d’un avion, et devient finalement le principal suspect à force de jouer à ce point-là les enquêteurs nerveux et soupe-au-lait. Rôle idéal pour Neeson, qui fait le job sans trop se forcer, a contrario des seconds rôles sacrifiés (surtout Julianne Moore). Mais hélas, le vrai problème vient de ce que propose le scénario.
Bien que l’intrigue tienne en haleine, elle dévoile ici ses indices avec tant de je-m’en-foutisme que l’on galère à qualifier le résultat, égaré quelque part entre un suspense aérien involontairement maladroit et un nanar grotesque qui foncerait pied au plancher dans les nuages jusqu’à un dernier tiers surchargé de twists bien crétins. Pour ne rien arranger, le film ne donne même pas l’impression de vouloir justifier les invraisemblances du scénario, préférant très clairement tout miser sur une illusion de rythme, ici assimilable à un trou d’air qui viendrait aspirer les problèmes du métrage. Cela dit, si l’on accepte de passer outre ce détail, le spectacle est assuré : le réalisateur Jaume Collet-Serra, à qui on devait déjà "Esther" et "La Maison de cire", emballe l’ensemble avec une certaine maîtrise technique, usant du découpage pour maintenir la tension tout au long du huis-clos et s’autorisant quelques partis pris de mise en scène bien exploités (dont une longue fouille des passagers de l’avion tournée en plan-séquence). Pour un vol stationnaire, on peut dire que c’est le minimum.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur