Festival Que du feu 2024 encart

NON

Oooh si !

Ouvrier licencié suite à la fermeture de son usine, Bruno va décider à la suite d’un contrôle d’alcoolémie en voiture, de se révolter et de se venger…

Ce film est le fruit du travail original d’une troupe de théâtre, appelée Le Petit Théâtre de Pain, ce qui est plutôt bon signe, dans la mesure où l’on garde toujours à l’esprit les troupes célèbres qui ont offert de grands moments au cinéma français. Son originalité première réside dans son mode de production qui révèle un aspect artisanal résultant du fait que les lieux de tournage ont en partie été improvisés en sollicitant les habitants de la commune de Capdenac (située en Occitanie) pour obtenir des décors.

Il s’agit d’un film social, politique et quasi-militant, évoquant la désindustrialisation française. Il débute ainsi par un plan séquence ambitieux qui pose l’ambiance des grèves syndicales en nous plongeant au cœur de leur effervescence et de leur radicalité. Tous les éléments sont réunis : les feux, les journalistes, les débats houleux entre ouvriers et syndicalistes, le barbecue… On se situe à mi-chemin entre une fête de village, avec les enfants qui courent joyeusement, et un paysage de révolte. La manifestation et ses débordements sont mêlés à un concert (avec un couple qui avance tranquillement en se tenant par les bras, comme s’il s’agissait d’un dimanche en famille habituel). On a alors le sentiment que ce type de contestation est tellement rentré dans les mœurs que son caractère supposément exceptionnel, lourd et pesant, devient pratiquement festif et culturel.

Le paradoxe de cette introduction saisissante va résumer le ton singulier du métrage. Il est à la fois grave et léger, ce qui lui donne une identité propre qui fait tout son intérêt. Il s’agit d’une part de l’évocation réaliste d’une thématique sociale déterminante dans la société actuelle. En restituant les tensions exacerbées, la colère, l’exaspération des individus, et en soulignant le rôle du syndicat et de la presse, on retrouve en partie la dimension dramatique des luttes sociales. Mais d’autre part l’essentiel de l’action évolue selon les conventions d’une comédie noire avec ses multiples excentricités et son dynamisme. Ses personnages aussi sont parfois ambigus, à l’instar de la policière qui est à la fois présentée dans toute sa sensibilité et en même temps avec beaucoup de dureté, au point qu’elle en devient pratiquement une psychopathe. Au final le film oscille tout du long sur cette double tonalité, ce qui lui réussit assez bien, même s’il tombe par moments dans la caricature facile (le patron opulent et sans cœur, les flics violent et alcooliques, l’avocat corrompu…).

David ChappatEnvoyer un message au rédacteur

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