Bannière Festival Lumière 2024

NIKI

Un film de Céline Sallette

De femme tourmentée à « nana » reconnue

Désormais installée en France avec son mari et sa fille, Niki a du mal à oublier les démons de son passé. Elle qui avait été mannequin avant de s’impliquer dans la vie de famille, va alors se lancer à corps perdu dans l’art. Aussi bien pour expérimenter que pour exorciser ses troubles intérieurs…

Passé par le Certain Regard du dernier Festival de Cannes, "Niki" observe la naissance de deux artistes : celle qui donne son nom au titre, Niki de Saint Phalle, et Céline Sallette (comédienne notamment dans "La French", "L'Apollonide : Souvenirs de la maison close" ou le plus récent "Les Algues vertes") qui signe ici ses débuts à la réalisation. Pour conter le parcours de la plasticienne, la néo-cinéaste a choisi de se focaliser sur dix ans de son existence, période coïncidant avec sa découverte des pratiques sculpturales. Car rien ne prédestinait la jeune Catherine Marie-Agnès Fal de Saint-Phalle à se faire connaître un jour sous le sobriquet de Niki, et à s’imposer comme une des figures de l’art contemporain.

À l’écran, on la découvre d’abord sur le tournage d’une publicité. Il faut dire qu’avant de tâter des ciseaux à graver, la jeune fille était mannequin. Mais à sa réaction lorsqu’une ampoule saute, on se rend vite compte que quelque chose ne semble pas tourner rond. Ce pressentiment est renforcé tout au long des premières minutes, avec cette drôle de manière de demander à son mari de « l’écraser » pour la calmer, avec cette nécessité pour elle de cacher des couteaux sous son lit, avec son incapacité de contenir ses émotions. Inquiet, son mari la fera interner dans un hôpital psychiatrique où, abandonnée à elle-même, elle trouvera par la colle et les peintures un moyen de s’exprimer. Le début de sa nouvelle carrière.

Derrière la caméra, Céline Salette ne joue pas le suspense putassier sur les raisons du traumatisme. Par d’astucieux split screens, elle nous montre la protagoniste associée à son père, responsable de l’irréparable. Tout le film sera alors une plongée dans la psyché de cette femme torturée, hantée par des fantômes qu’il est bien difficile à chasser. S’intéressant à l’humain plus qu’à l’artiste, aucune des œuvres n’étant d’ailleurs montrée à l’écran, le métrage nous invite dans un processus de création où les coups de spatule ont autant pour but de créer que de réparer une âme ô combien fragilisée.

Si certaines scènes sont particulièrement inspirées, comme cette séquence de tirs aux fléchettes sur tableaux, l’ensemble souffre d’un trop plein, d’une hystérie visuelle et scénaristique pas nécessaire. Se cherchant encore comme metteuse en scène, Céline Salette débordée par sa générosité manque souvent de simplicité, se complaisant dans des artifices superflus. Pour autant, "Niki" reste un film à voir, aussi bien pour son sujet et ses thématiques profondes que pour l’immense prestation de Charlotte Le Bon, qui devrait lui ouvrir en grand une nomination aux César. En tout cas, ce serait plus que mérité tant elle irradie l’écran !

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

Laisser un commentaire