NIGHT IN PARADISE
Une expérience infernale
Après avoir vengé la mort de sa sœur et ainsi conduit à une guerre de gang, un jeune mafieux coréen part trouver refuge dans une ferme en Chine…
Sortie le 9 avril 2021 sur Netflix
[Attention spoilers]
Présenté hors compétition à la 77e Mostra du cinéma de Venise, "Night in Paradise" est un film de gangsters sud-coréen signé Park Hoon-Jung, surtout connu pour être le scénariste de "J’ai rencontré le Diable". Malheureusement, on comprend très vite que ce métrage-ci ne tiendra pas la route. En effet, le film se perd constamment dans des séquences peu utiles et le scénario accumule les grosses maladresses d’écriture, l’exemple le plus marquant étant une séquence à l’hôpital en début de film où l’on apprend que la sœur du héros est condamnée par une maladie… tout ça pour tuer cette dernière juste après dans un attentat, la maladie de la sœur ne donnant donc droit à aucun enjeu, et la séquence entière s’avérant donc inutile.
Le film est donc rempli de ce genre d’aberrations scénaristiques qui empêchent le récit de décoller. Rien que dans sa structure d’ailleurs, on note plusieurs séquences qui pourraient chacune être considérée comme l’élément perturbateur qui va lancer le récit pour de bon, accentuant encore cette sensation d’une histoire qui fait du surplace. Il faudra bien attendre la moitié du film voire plus, pour que les vrais enjeux arrivent enfin, ce qui est beaucoup trop tardif et ne laisse plus la place à un développement correct ni des évènements, ni des personnages. On pourra également ajouter dans les aberrations narratives toute la sous intrigue avec les Russes et les Japonais complètement inintéressante.
Les personnages justement, constituent une autre preuve d’amateurisme de l’écriture, ceux-là étant soit complètement caricaturaux, soit à la personnalité changeante au gré des besoins du script. Le personnage principal par exemple, qui nous est présenté en début de film comme un mafieux intelligent qui maîtrise parfaitement le monde dans lequel il vit, va se transformer en un simple d’esprit lorsqu’il est en fuite, ceci afin de donner au spectateur des séquences de comédie assez risibles. Autre exemple, le personnage féminin principal qui va développer une romance avec le protagoniste sortie complètement de nulle part, ou encore la révélation sur ce qu’elle pense réellement de son oncle après la mort de celui-ci, rendant toute cette séquence inutile puisqu’il n’y a déjà plus d’enjeu avec ce personnage, et que cette révélation n’apporte rien à la compréhension de l’histoire. Toujours à propos de cette dernière, elle est aussi atteinte d’une certaine maladie qui doit la tuer assez rapidement, et, si cela n’est pas un mauvais point en soi, aucun parallèle n’est jamais fait entre elle et la sœur du protagoniste, là où il aurait peut-être été intéressant de justement établir une parabole quant au héros en quête de rédemption. Etc.
La mise en scène reste très banale, et même les séquences d’action peinent à vraiment retranscrire une quelconque tension dramatique, frisant parfois même le ridicule comme lors du combat sur l’autoroute, où, poursuivi par une bonne vingtaine d’antagonistes, ces derniers ont la politesse d’attaquer le héros les uns après les autres, littéralement en file indienne.
Bref, avec son scénario maladroit, extrêmement prévisible et peu passionnant, "Night in Paradise" reste un beau naufrage dont la seule touche de fraîcheur est le personnage de Chef Ma’, sublimé par la prestation de Cha Seoung-won dans ce rôle de mafieux aussi sage qu’intraitable.
Ray LamajEnvoyer un message au rédacteur