Festival Que du feu 2024 encart

NIAGARA

Un film de Guillaume Lambert

Un trip pas de tout repos, mais constructif

Alain, professeur de Taekwondo, n’a pas de chance. Même s’il a été blanchi, suite au mensonge de la fille de sa compagne le concernant, son club préfère se séparer de lui, du fait des inquiétudes des parents, et sa compagne le plaque, n’ayant que cette mauvaise image en tête. De plus, il apprend le décès soudain de son père et doit partir récupérer son grand frère Léo-Louis à Montréal, avant qu’ils n’aillent rejoindre leur troisième frère et la dépouille, pour la crémation et l’épandage des cendres aux chutes du Niagara…

Décidément le cinéma québécois a le don de donner à voir des comédies à l’humour plus ou moins noir. Après "Bungalow" l’automne dernier où un couple vivait un cauchemar avec les travaux dans sa nouvelle maison, puis "Jour de merde" il y a quelques semaines, dans lequel une femme chargée des vidéos pour les réseaux sociaux de la compagnie du Loto se retrouvait aux prises avec un gagnant récalcitrant et un peu particulier, voici que débarque "Niagara", comédie dramatique faisant le portrait de trois frères, autour de la cinquantaine, dont deux doivent trouver une nouvelle voie pour leur existence.

Car ce road-movie sera avant tout un chemin de croix pour les deux qui font le voyage, en voiture, devant parvenir pour l’un à un nouveau départ, pour l’autre à retrouver une confiance en lui. Chaque chapitre, portant le nom d’un des personnages, sera l’occasion de revenir sur les heures qui précèdent la mort du père, et de dresser sommairement un portrait d’Alain, Léo-louis, et Victor Hugo. Donnant ainsi à voir les vidéos d’entreprise de l’un (gentiment caricaturales), traduisant sa prétention professionnelle devenue ringarde ou son obsession pour la bouffe saine, ou encore la manière idiote dont est mort le père, ces passages allient sens du pathétique et comique de caractère. Le voyage, lui, sera l’occasion de rencontrer d’autres personnages, à même d’adoucir le parcours des deux frères ou de les aider à relativiser leurs malheurs.

Plutôt bien amenées, les situations viennent à l’appui d’une simple phrase qui résume en soi cette fratrie improbable, comme beaucoup le sont : « si on avait voulu être une famille, on en aurait été une bien avant ». Mais comme tout le monde le sait, les moments de deuil sont parfois à même de rapprocher ceux qui ne se voient pas souvent et le film offre dans ces dernières scènes de belles ouvertures. Si on regrettera juste l’emploi récurrent de violons envahissants, les chansons tendres et signifiantes qui ponctuent le récit, contribuent à l’esprit à la fois cruel et réconfortant de l’ensemble.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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