NE CROYEZ SURTOUT PAS QUE JE HURLE
Une longue lettre à soi-même
Entre avril et Octobre 2016, Frank Beauvais a vu plus de 400 films. Mais l’histoire commence en Janvier 2016, alors qu’il est en Alsace où il a suivi son amant et que leur relation est achevée depuis six mois. Seul, dans une grande détresse, une boulimie le prend…
Ce film est un mash-up de plus de 400 films, rythmé par la voix monocorde du réalisateur. Il raconte, pendant 75 minutes, son année 2016. Les images de ces films, fond visuel de cette période, viennent nourrir, de prêt ou de loin, toujours de manière surprenante, le discours déconstruit, mais chronologique, presque, du réalisateur sur cette période complexe de sa vie.
S'apparentant plus à l'essai qu'à la narration, ce monologue intérieur qui doit beaucoup au Stream of counsciousness de Viginia Woolf, et témoigne de la vision extrêmement personnelle d'un créatif isolé qui ère et observe plus ou moins le monde. Captivante, cette succession d'images hétéroclites rythmées par cette voix calme qui se confie, propose un voyage surprenant dans la modernité et les problématiques actuelles. En effet, au cœur de cette période se trouvent les attentats, le début de la crise des réfugiés, le mouvement Nuit Debout. Tant de choses encore actuelles qui en 2016, donnaient le ton de cette deuxième décennie du XXIe siècle. Un ton toujours extrêmement actuel.
A ces moments où le réalisateurs se heurte au monde, d'autres parties du « récit » illustrent plutôt une sorte de tragédie personnelle, dans le rapport à la consommation, à l'accumulation matérialiste de la culture et des meubles et à la recherche du vide. Œuvre unique, longue lettre à soi-même, ouvrage thérapeutique en quelque sorte, cette démarche, humble, vide de toute pédanterie et de toute habitude de poseur, invite le spectateur à plonger pleinement dans une subjectivité et à s'interroger sur sa propre perception et position sur les évènements de ces cinq dernières années.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur