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NATHALIE...

Un film de Anne Fontaine

Un sublime duo d'actrices et un Depardieu retrouvé

Catherine sait que Bernard la trompe. Elle décide alors de payer Marlène, entraîneuse dans un bar de nuit, pour séduire son mari. Mais avec 2 conditions : pour lui, elle ne sera pas Marlène mais Nathalie, et Catherine veut tout savoir sur leurs relations, jusqu'au moindre détail...

Une chose est sûre : Anne Fontaine n'aime pas les triangulaires classiques. Néanmoins il faut avouer que le triangle n'est ici qu'évoqué puisque jamais on ne voit Bernard (Depardieu) et Marlène/Nathalie (Béart) ensemble à l'écran. Il s'agit plutôt, pour la réalisatrice, de se concentrer sur la relation de couple de Catherine (Ardant) et Bernard, et surtout sur les rencontres entre les deux femmes. Alternent alors des scènes de destructions de couple semblant inéluctables et une liaison de plus en plus forte entre les deux protagonistes féminins.

Anne Fontaine alimente cela avec quelques scènes ou dialogues pimentées (ah les seins d'Emmanuelle !) et des situations parfois ambiguës, mais le tout évite la vulgarité. La fin peut se deviner aisément mais là n'est pas le but. Il n'y a aucune recherche de suspense dans ce film qui analyse plutôt l'humain dans ce qu'il a de plus profond. Les deux femmes se fascinent mutuellement, chacune voyant en l'autre ce qu'elles n'ont pas pu (encore) être. En définitive c'est l'histoire de deux recherches intérieures qui passent par cette rencontre extérieure et imprévue. Car il s'agit bien de hasard aussi, histoire de montrer qu'un petit rien peut changer tout. Oui, dit comme cela, ça a l'air un peu cliché mais à l'écran ça ne l'est pas.

Même si l'intrigue a quelques fois tendance à traîner voire à se répéter, ce film est particulièrement beau et finalement tout en douceur. L'image nous charme avec cette lumière souvent sombre, faite de verticales de noir et de couleurs. Emmanuelle Béart est sulfureuse et son personnage séduit et intrigue autant que celui qu'elle avait eu dans " 8 femmes ". Fanny Ardant s'offre, quant à elle, un de ses plus beaux rôles, qui semble lui coller à la peau. Et la plus grosse surprise est probablement de retrouver un Depardieu beaucoup plus posé que celui auquel on s'est habitué depuis longtemps, bien loin de l'acteur extravagant et surjoué. Aurait-on une lueur d'espoir de revoir le très bon Depardieu d'antan ?

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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