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NADIA BUTTERFLY

Un film de Pascal Plante

Une étouffante pression

Jeux Olympiques de Tokyo. Nadia, québécoise de 23 ans, déçue par sa performance au 100 m papillon, déclare lors d’une interview qu’elle arrêtera la compétition après les jeux. Après une dernière course, en relais à quatre, elle se laisse aller à quelques libertés, dans le cadre du village olympiques…

Nadia Butterfly film movie

"Nadia Butterfly", film labellisé Festival de Cannes 2020, résonne forcément de manière particulière en cette fin de Jeux Olympiques de Tokyo, décalés eux aussi en 2021 du fait de la pandémie. Ceci d'autant plus que pour s'inscrire dans la réalité, l'action du film anticipait la participation de l'équipe canadienne aux Jeux Olympiques nippons. Et de réalisme il est ici particulièrement question, puisque le metteur en scène Pascal Plante, à l'âge de 19 ans, faisait partie des 15 meilleurs nageurs canadiens, à l'aube des JO de Pékin de 2008, qu'il a eu comme consultante la nageuse professionnelle Katerine Savard, devenue la protagoniste du film. Et si la complicité de cette dernière avec Ariane Mainville est visible à l'écran, c'est notamment que les deux femmes sont meilleures amies dans la vie.

Dans une première partie, le film s'attarde sur la technicité de la discipline, l'exigence physique, l'entraînement, les contraintes diverses (dénage, bain de glace, cure de fruits secs, étirements...), donnant à voir à la fois la nécessité d'implication et de discipline. Puis c'est le regard des autres qui intéresse le réalisateur, la pression sur les athlètes, l’oppressante injonction à se dévouer entièrement à la natation, au mépris d'une existence individuelle ou de certains plaisirs. Katerine Savard s'en sort plutôt bien, incarnant une forme de doute, alors que son personnage prend quelques libertés lors de soirées ceinturées de sportifs forcément individualistes.

Alternant moments de liberté (soirée en boîte de nuit, errance dans Tokyo...) et contraintes policées (interview collective consensuelle, massage filmé en zénithal...), Pascal Plante met la pression sur son personnage principal. Il questionne ainsi les notions de contrôle de sa propre existence et de sacrifice d'une vie privée, montrant l'excès comme contre-balancier, et symbolisant par un beau plan sous l'eau, le frein que représente le sport de haut niveau à un épanouissement de jeunesse. Si l'on aurait aimé que le film aille au-delà de la fin des JO, révélant un peu plus des élans de liberté de son héroïne, de sa capacité à rebondir ou partir dans une autre direction, le film n'en constitue pas une moins un témoignage personnel convaincant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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