Festival Que du feu 2024 encart

MY OLD LADY

Un film de Israël Horovitz

Touchante et sensible, une petite comédie comme on les aime

Mathias se réjouissait de la mort de son père, à qui il n’avait jamais pardonné les absences durant sa jeunesse. Mais alors qu’il pensait bien avoir décroché le gros lot en héritant d’un magnifique hôtel particulier parisien, cet américain va bientôt découvrir le principe du viager. Et se voir ainsi obligé de faire affaire avec l’occupante des lieux…

Il n’est jamais trop tard pour passer derrière la caméra. Le célèbre dramaturge américain, Israël Horovitz, auréolé du titre honorifique d’auteur étatsunien vivant le plus joué dans nos théâtres français, a ainsi décidé de franchir le pas. Si à 75 ans le pari est audacieux, l’homme a toutefois pu s’appuyer sur un scénario qu’il maîtrisait parfaitement, s’agissant de l’adaptation de l’une de ses propres pièces. La caméra suit ainsi Mathias, la cinquantaine fauchée et désabusée, débarquant à Paris pour régler la vente de la luxueuse demeure qu’il a hérité de son père. Et s’il pensait régler très rapidement ces formalités, la situation va fortement se compliquer lorsque celui-ci va découvrir que l’appartement était en réalité un viager dans lequel une nonagénaire pète toujours la forme.

Comédie douce-amère sur fond de secrets familiaux et drames existentialistes, "My Old Lady" alterne élégance et subtilité pour créer sa poésie, une douce balade teintée de romantisme. Car bien loin de sentir la naphtaline, le métrage parvient parfaitement à faire de son aspect vieillot une force pour renforcer la dimension émotionnelle de l’ensemble. Avec un excellent Kevin Kline en clown dépressif et des rebondissements judicieusement répartis, le film évolue rapidement du vaudeville vers quelque chose de plus viscéral, où les fantômes du passé viennent chatouiller les tourments de l’âge adulte.

Si le métrage n’évite pas les clichés du Paris dont raffolent les Américains, le réalisateur a su s’éloigner de son matériau originel pour développer l’aspect cinématographique de son œuvre, en particulier grâce à la relation entre le protagoniste et la fille de la propriétaire. Sous nos yeux, se dessine tendrement une relation amoureuse que seul le 7e Art peut nous offrir, avec cette petite pincée de magie et cette dose d’obstacles qui nous laissent le sourire benêt durant le dénouement. Avec en plus son lot de répliques aiguisées et de joutes verbales savoureuses, "My Old Lady" dépasse largement nos attentes initiales. Une jolie petite surprise.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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