LE MUSÉE DES MERVEILLES
Un conte un peu brouillon mais qui séduit par son magnifique final
En 1927, Rose se passionne pour une actrice de Broadway. En 1977, Ben cherche à connaître qui est son père. Tous deux vont fuguer à New York pour retrouver ces personnes qui leur sont chères. Leurs quêtes, étrangement symétriques, vont les emmener à 50 ans d’intervalle, au musée d’histoire naturelle où se cache un mystérieux cabinet des curiosités…
Todd Haynes, esthète et nostalgique, aime à reconstituer des univers passés. Pour exemple, ses deux plus grands succès "Loin du paradis" et "Carol" évoquent toute l’élégance feutrée des années 50. Pour son nouveau film, le réalisateur s’est lancé un nouveau défi, réincarner à l’écran deux époques bien distinctes. Les années 20, où le noir et blanc muet va bientôt prendre la parole, et les années 70 où les couleurs chaudes des pellicules 35 mm irradiaient les personnages. Construits en parallèle, les deux décors revisitent les lieux emblématiques de New York à 50 ans d’intervalle.
Comme Martin Scorsese avant lui avec "Hugo Cabret", Todd Haynes adapte ici un roman de Brian Selznick, le talentueux écrivain pour enfants qui aime propulser ses héroïnes dans des endroits oubliés à la découverte d’un trésor caché. Une quête initiatique qui impose son lot d’obstacles à surmonter et d’énigmes à résoudre. Une aventure didactique mais pas seulement puisque que chacun des enfants est en souffrance. Leur quête n’est pas qu’une joyeuse aventure mais une réelle fuite en avant pour échapper à leur malaise respectif.
Un postulat de départ prometteur qui s’égare dans les premières scènes dans des petites incohérences scénaristiques. Pour n’en citer qu’une : lors de sa fugue, Rose est reconnue à son insu par une de ses domestiques qui prévient un agent de police. Celui-ci s’apprête à interpeller la jeune fille puis, le plan d’après, rien ne s’est passé, Rose est arrivée au musée sans encombres. Ces quelques défauts sont sans doute dus à la complexité du montage qui doit conjuguer deux époques. Une prouesse qui semble parfois laborieuse et démunit le film d’une belle part de ses émotions.
Heureusement, à mesure que les deux enfants avancent dans leurs quêtes et que leurs interrogations commencent à trouver des réponses, le film prend alors une autre profondeur pour aboutir à une scène finale majestueuse. Une conclusion pleine d’émotions située dans un endroit insolite totalement méconnu des grands circuits touristiques new-yorkais, the Queens Museum. Cet endroit, proche de LaGuardia Airport, vaut assurément le détour si on est de passage dans la grosse pomme. Complétant ainsi la longue liste des lieux de cinéma mythiques de la ville tel que the Manhattan Bridge dans "Il était une fois en Amérique", la caserne de "Ghostbusters", ou l’incontournable Empire State Building qui verra chuter "King Kong.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur