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MURDER PARTY

Un film de Nicolas Pleskof

Jouez et lâchez prise avec cette réjouissante comédie pop !

Jeanne, jeune architecte, est pressentie pour réhabiliter le manoir de César Daguerre, riche propriétaire d’une célèbre marque de jeux de société. Arrivée sur place, elle se trouve malgré elle embarquée dans un jeu de rôle meurtrier…

Murder Party film movie

Scénariste pour la télévision et réalisateur de plusieurs courts, Nicolas Pleskof fait des débuts fracassants au cinéma avec un premier long métrage séduisant de bout en bout, qui a le double mérite d’être réjouissant pour un public populaire et enthousiasmant pour des cinéphiles plus pointus.

Voilà en effet une comédie pop et déjantée qui fait du bien ! Une comédie qui assume son excentricité et son artificialité théâtrale pour nous proposer un vrai mille-feuilles cinématographique fait de multiples clins d’œil et influences, avec un rythme soutenu, une capacité à surprendre en prenant les clichés à rebours, une esthétique ultra-colorée délicieusement rétro et anachronique, et des répliques qui fusent et provoquent l’hilarité. Le tout servi par un casting 5 étoiles qui prend manifestement du plaisir dans cette farce jubilatoire.

Évidemment, le film s’inscrit dans une tradition des whodunnit, c’est-à-dire des récits policiers à énigmes (à vocation dramatique ou comique), faisant par exemple penser aux "Dix Petits Nègres" d’Agatha Christie (une réplique s’amusant avec le tabou du titre de ce roman culte visé par l’affligeant simplisme de la cancel culture) ou à "Mais qui a tué Harry ?" d’Alfred Hitchcock. Cette "Murder Party" évoque aussi "Huit Femmes" de François Ozon, avec ce huis clos tragi-comique provoquant d’inattendus règlements de comptes entre membres d’une même famille et quelques pièces rapportées. On croit aussi déceler la folie baroque d’un Tim Burton, le burlesque malicieux d’un Bruno Podalydès, un souci du détail qui peut rappeler Wes Anderson pour les décors et les motifs, des extravagances absurdes dignes des cartoons de Tex Avery, ou encore une référence à l’espièglerie artistique de Banksy (un portrait qui s’autodétruit dans le bas du cadre, ça vous parle ?).

Évidemment, tout ramène à la thématique omniprésente du jeu. Le jeu en tant que performance d’acteur et d’actrice. Le jeu de dupes entre les personnages, avec les nombreux rebondissements et faux semblants. Et le jeu au sens strict de divertissement social, avec des protagonistes qui sont à la fois des joueurs et des pions manipulés (avec chacun une couleur ou un motif qui lui est propre), des lieux filmés comme des plateaux de jeu (dont quelques magnifiques plans en plongée !), des gadgets et des décors acidulés fleurant bon la nostalgie de l’enfance, et divers clins d’œil à des jeux connus plus ou moins détournés (le Cluedo, les escape games, le Trivial Pursuit…). Et le perfectionnisme de Nicolas Pleskof est tel que, parmi les quelques figurants qui complètent la distribution principale, se trouvent plusieurs joueurs d’échecs de haut niveau (dont Fabien Libiszewski, que l’on avait vu en 2015 dans "Le Tournoi"). Bref, ça fourmille tellement de détails qu’on a immédiatement envie de revoir "Murder Party" !

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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