MR WOLFF
Ben Affleck brille dans l’un des ses plus beaux rôles
Après un "Jane got a gun" décevant (mais il était difficile d’obtenir un résultat plus satisfaisant vues ses conditions de production chaotiques), Gavin O’Connor revient sur le devant de la scène avec un thriller. Dans celui-ci, Ben Affleck joue un comptable atteint d’autisme. Si cette pathologie l’empêche grandement de communiquer avec le monde extérieur, elle lui permet néanmoins de manipuler les chiffres comme personne. De manière logique, rapidement, ses clients sont devenus des gangsters en tout genre, en recherche d’un expert en blanchissement d’argent. Ironiquement, c’est lorsqu’il décide de s’éloigner de ce milieu, en acceptant une mission pour une firme de robotique, que sa vie se retrouve le plus en danger.
Actionner efficace, "Mr Wolff" l’est avant tout grâce à son protagoniste aux larges épaules et à l’esprit tourmenté. Avec son corps de Batman, Ben Affleck excelle dans ce film taillé sur mesure, dans lequel on redoute autant les agissements du personnage (depuis son plus jeune âge, il reçoit une instruction militaire) qu’on est attendri par son comportement. Car le métrage ose le pari délicat de mêler action pure et sentimentalisme, offrant à l’ensemble une forme hybride entre un drame bien bourrin et une chronique sentimentale bien plus complexe qu’il n’y paraît. Reposant sur une trame narrative ambitieuse, aux multiples sous-intrigues et rebondissements, le film peut s’appuyer sur des seconds rôles de qualité, avec notamment Anna Kendrick (sous-exploitée) et J.K Simmons.
Cependant, si cette rencontre entre "Rain Man" et "Jack Reacher" tient toutes ses promesses d’un point de vue scénaristique, le résultat est un peu plus hésitant et maladroit au niveau de la mise en scène. Avec de nombreuses séquences redondantes et un rythme nonchalant, "Mr Wolff" intrigue mais ne tient pas véritablement en haleine, la faute également à un montage approximatif. Si le divertissement est aussi viril qu’amusant (la passivité et l’absence d’émotion de ce comptable prêtant souvent à sourire), il manque un véritable parti-pris pour transformer toutes ces idées, aussi bonnes soit-elles, en un véritable objet cinématographique. Malgré certains défauts, ce thriller puzzle mérite toutefois le coup d’œil, en particulier pour ce personnage que seul le Cinéma pouvait offrir.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur