MR TREE
Vers la folie
Shu est un garçon de village qui ‘’travaille’’ dans un garage, mais qui, surtout, se laisse vivre au gré du vent et des rencontres quotidiennes. Une cigarette au coin des lèvres à chaque minute de sa petite vie simple, Shu traîne, s’ennuie et finit par se brûler les yeux dans un accident idiot. C’est son amour pour une jeune malentendante qui d’abord le sauvera, puis lui fera perdre la raison, avant de finalement revenir et devenir son guide, sa lumière.
Deuxième réalisation de Han Jie (après « Walking on the Wild Side » en 2006), élu meilleur réalisateur et grand Prix du Jury au festival de Shanghai cette année, « Mr Tree » est un conte d’hiver où l’arbre, symbole de la vie (ne plante-on pas un arbre à la naissance d’un nouvel enfant ?) devient aussi symbole de la Mort, ou pour celui qui reste, de la folie. Shu, en revenant sur ses terres, est en effet rattrapé par ses fantômes, dont son père, et surtout son frère, pendu par son géniteur à l’arbre familial.
La grande beauté de ce film, mises à part ses scènes cocasses, attendrissantes et tragiques, scènes de la vie quotidienne au fin fond d’une Chine glaciale, c’est Shu, joué par Wang Baoqiang. Le regard jamais vraiment direct, des bras qui brassent l’air, comme s’il ne savait pas quoi faire, un sourire en coin quasi permanent, Baoqiang interprète magnifiquement un homme excentrique, simple, parfois limite, mais aussi profondément blessé, qui finira par se laisser emporter dans une folie douce et imaginative…
Stéphanie PalisseEnvoyer un message au rédacteur