MOTHER
Brillant suspense
Alors qu’il rentre chez lui, un jeune homme attardé, ayant une attitude douteuse envers les jeunes filles, se retrouve sur les lieux d’un crime. Il est bien évidemment soupçonné, et rapidement condamné…
Le réalisateur de "The Host" et "Memories of Murder" mélange les genres avec cette chronique de la lutte d'une mère pour faire innocenter son fils, légèrement attardé, condamné pour le viol et le meurtre d'une écolière. Maîtrise parfaite du cadre, changement de rythmes calculés, bizarreries et fausses pistes, tout concoure ici à créer un suspense décalé, teinté de malaise. On tremble pour ces personnes pris dans la tourmente, l'empathie fonctionnant totalement avec sa mère ultra-protectrice devenue envahissante une fois son fils sous les barreaux.
Celle-ci se transforme d'ailleurs peu à peu au fil du récit. D'abord indiscrète (elle amène du café à son fils alors qu'il est en train de pisser contre un mur), puis bien étrange (elle se ballade avec sa boîte d'anguilles d'acuponcture), elle est aussi capable d'instincts de violence mal dissimulés (voir celui qu'elle butte à coups de clés à molette). Dans sa ville, l'individualisme fait que l'autre est un suspect et que la différence est mal vue.
Ce point de vue n'empêche pas le metteur en scène de dessiner finement des personnages qui semblent l'intéresser réellement. Ajoutez à cela quelques souffles de poésie incongrue, parfois glauque (la mère danse dans la campagne déserte pour évacuer sa peine...) et vous parviendrez à toucher du doigt toute la réussite de ce "Mother". Quant à ce plan de danse dans un champs, aux lignes ballotées par le mal-être d'une mère perdue, vous ne l'oublierez pas de sitôt.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur