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THE MOTH DIARIES

Un film de Mary Harron

Lily Cole, le visage de la paranoïa

Rebecca tient son journal. Ce qui lui a permis de se souvenir de ce qu'il s'est passé quand elle avait 16 ans. Alors qu'elle retrouvait ses meilleures amies dans la pension pour jeune fille Brangwyn School, l'arrivée d'une nouvelle, Ernessa, et d'un séduisant professeur de littérature allait changer la donne, lui faisant perdre une à une les copines qui constituaient son proche entourage...

« The moth diaries » (en français, « le journal d'un papillon de nuit »... ou « d'une mite ») débute ainsi, en teen-movie discret, lorgnant progressivement du côté de « Twilight », sans jamais sortir de la suggestion. Film de vampires présenté dans la section Horizons du Festival de Venise 2011, adapté d'un roman de Rachel Klein datant de 2002, son scénario aligne les cadavres, autour de Rebecca, une adolescente, et Ernessa la mystérieuse nouvelle venue dans son internat. Ernessa, c'est justement l'atout indéniable du film, celle par qui le trouble arrive, qui prend d'emblée un étrange ascendant sur la camarade de chambre de Rebecca, et qui se déplace de manière étrange. En cela, le visage diaphane de Lily Cole, extrêmement dur, capable de s'illuminer et s'adoucir dès qu'elle esquisse un sourire, se révèle parfait en générateur d'inquiétude.

Malheureusement, c'est sûrement la seule et unique chose qui fasse réellement peur dans ce film fantastique plutôt light. En effet, le mystère paraît ici vite éventé, alliant tous les indices usuels (odeurs nauséabondes venant de la chambre, influence de la nuit et absence de la belle de jour) qui se dégagent, le scénariste ajoutant au passage la présence d'une nuée de mites désireuses de sortir à l'air libre. Il joue à fond sur la paranoïa de l'héroïne, l'angoisse que peut provoquer son isolement progressif et les coïncidences ainsi que les indices menant toujours à cette même Rebecca. Comme si cela ne suffisait pas, il ajoute un fond peu utile d'enseignement du Dracula de Bram Stoker et de ses influences (Carmilla de Le Fanu par exemple). Mais globalement l'attraction/répulsion entre les deux filles fonctionne et virera à l'affrontement, malgré les nombreux points communs qui les unissent (dont le suicide de leur père respectif), pour concocter une ambiance empoisonnée, un rien artificielle.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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