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MOTEL DESTINO

Un film de Karim Aïnouz

Des néons bien fades pour une œuvre artificielle jamais sensuelle

Un jeune délinquant trouve refuge dans un motel suite à un coup qui n’a pas fonctionné comme prévu, son frère y ayant laissé sa vie du fait de son arrivée tardive. Il y fait la rencontre du propriétaire de l’hôtel et de sa femme. Rapidement, un triangle amoureux troublant se met en place…

Décidément, Karim Aïnouz est prolifique en ce moment. Un an après avoir présenté en compétition officielle le trop boursoufflé "Le Jeu de la Reine" et quelques semaines après la sortie de son documentaire intimiste "Marin des Montagnes", le réalisateur de "La Vie invisible d'Eurídice Gusmão" revient sur la Croisette avec "Motel Destino", un thriller érotique dans la moiteur du nordeste brésilien. Dans cet hôtel qui donne son titre au métrage, en journée comme de nuit, des quidams viennent louer des chambres pour assouvir leurs pulsions charnelles. Sorte de Formule 1 du cul, où tous les accessoires sont fournis avec les clés, les passants viennent pour une heure ou deux s’envoyer en l’air dans la discrétion de ces petites chambres. Après un coup qui a entraîné la mort de son frère et partenaire, un jeune voyou, Heraldo, y trouve refuge, rencontrant à l’occasion le maître des lieux, un vieux beau tendance voyeur dont le corps n’est plus ce qu’il était, et son épouse, Dayana, qui n’a pas froid aux yeux (et nulle part ailleurs).

Sorte d’hommage au néo-noir hollywoodien des années 90, le film ne s’avère être qu’une interminable succession de séquences sexuelles qui témoignent d’à quel point il ne suffit pas de filmer des corps pour en capter la sensualité. De ces anatomies luisantes dans la chaleur étouffante d’un Brésil des défavorisés, le cinéaste n’en fait absolument rien, ne donnant aucune profondeur à ces protagonistes, les abandonnant comme s’il ne savait pas quoi faire d’eux, à l’image de cette sous-intrigue criminelle complètement abandonnée en cours de route. Alors qu’on aurait aimé se faire embarquer dans ce triangle érotico-amoureux, la caméra se limitera à saisir un exercice de style raté, d’abord intriguant mais bien trop vite ennuyeux. Sans véritable enjeu dramatique, la faute à un scénario d’une vacuité abyssale, Karim Aïnouz va alors tout miser sur la forme, notamment sur l’utilisation excessive des effets lumineux. Mais là encore, il ne suffit pas d’abuser des flashs fluos pour réveiller le spectateur. Un résultat en demi-teinte et en demi-molle. Rien ne va !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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