MOONAGE DAYDREAM
Une œuvre folle, parfait reflet d’un artiste immensément talentueux
Une plongée totale au sein de la vie de David Bowie et de ses différents moyens d’expressions artistiques…
Si le documentaire musical a toujours existé, et souvent connu les honneurs d’une sélection cannoise ("Amy", "Whitney"), ces dernières années semblent avoir intensifié le phénomène. Aujourd’hui, on ne compte plus les projets, qu’il s’agisse de retracer un événement précis ("Songwriter" sur la création d’un album d’Ed Sheeran, "The Boy from Medellín" sur le retour de J. Balvin dans sa ville natale, "The Beatles : Get Back" de Peter Jackson sur un de leurs concerts iconique), de réaliser une hagiographie fleuve ("Montre Jamais ça à personne" sur Orelsan) ou encore de produire à la pelle pour les différentes plateformes de streaming — il suffit de vous rendre sur la catégorie Netflix pour constater à quel point chaque pop star a droit à son hommage audiovisuel. Au milieu de cette offre pléthorique, difficile alors de distinguer les objets sans autre ambition que de surfer sur une notoriété, des œuvres véritablement cinématographiques. En 2 minutes, "Moonage Daydream" vous donne la réponse et vous rassure : nous sommes face à un grand film !
Ici, pas question de revenir sur les étapes clés de l’existence du chanteur britannique, pas de linéarité chronologique, tout ne sera qu’expérience sensorielle. D’une richesse époustouflante, entre images d’archives, interviews, extraits de films, séquences hallucinatoires, le métrage raconte le vertige Bowie bien plus que sa vie, nous offrant une plongée radicale au cœur de de la psyché d’un artiste touche-à-tout, faisant de lui-même un personnage dont les formes d’expression fluctuent dans le temps (peinture, musique, cinéma, sculpture…). Évidemment, si on déteste le rockeur, on risque de trouver le temps long (2h20 tout de même), mais pour tous ceux qui ne sont pas réfractaires à l’homme, ce trip en direction de l’univers Bowie vaut largement le détour. Il est alors essentiel de se cramponner à son siège et de se laisser porter, s’abandonner à ce voyage absolu, révérence parfaite à celui dont le travail ne pouvait se résumer autrement que par une telle liberté visuelle.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur