Festival Que du feu 2024 encart

LA MONTAGNE AUX BIJOUX

La montagne qui donne naissance à ... des oiseaux !!

Une sélection de courts métrages d'animation comprenant : Une Histoire Douce , Les Oiseaux Blancs et La Montagne aux Bijoux . Dans Une Histoire Douce , un couple de paysans recueille un oiseau trouvé agonisant dans la forêt. Mais cet animal est un peu spécial et, une fois remis sur pattes, il fera le bonheur de ses sauveurs, ce qui ne sera pas sans attiser la jalousie de certains ... Dans Les Oiseaux Blancs , deux oiseaux migrateurs atterrissent sur une plaine en fleurs resplendissante où ils découvrent toutefois une étrange crevasse hideuse et cadavérique. Dans celle-ci vivent d'autres oiseaux, en pleine décrépitude et se nourrissant exclusivement de verres de terre. Horrifiés par ce spectacle, le couple remonte à la surface. Mais l'hiver fait son apparition et les vivres viennent à manquer ... Dans La Montagne aux Bijoux , un jeune coursier admire tous les jours la vitrine d'une bijouterie gardée par un petit garçon toujours différent et dont il s'imagine bien prendre la place. Arrive alors le jour où le patron de cette enseigne concrétise ce rêve. Cependant, derrière ses apparats, ce magasin et son gérant abritent un trafic peu enviable ...

Dans un contexte de tension politique à grands renforts d'ultimatums, menaces ou autres acrobaties politiques à deux francs, il est plutôt sain de traiter de l'actualité propre à l'Iran autrement qu'en relatant l'AIEA ou l'ONU. Et cela est rendu possible grâce à la sortie de La Montagne aux Bijoux , un programme de trois courts métrages, fiers représentants d'une animation iranienne dont on ne connaît rien ou presque.

Et c'est un tort, car ce secteur est des plus florissant, soutenu par un ministère de l'éducation soucieux de faire apprendre par le divertissement. La Montagne aux Bijoux , n'échappe alors pas à cette règle en diffusant une portée pédagogique à travers chacun de ses trois films. Et comme c'est souvent le cas dans ce cadre, ces derniers exploitent le genre du conte, insufflant une naïveté certaine à l'ensemble.

Toutefois, dès qu'on adopte un ton naïf, la limite entre simplicité et simplisme est souvent mince, et là où Abdellah Almorad se débrouille très bien à travers Les Oiseaux Blancs et La Montagne aux Bijoux , Mohamed Reza Abedi s'embourbe dans la facilité de son Histoire Douce . Facilité dans le graphisme tout d'abord, caricaturant au maximum les formes de ses ombres constituant les personnages du film et facilité dans l'animation, irréaliste au possible et plus saccadée qu'un South Park . Quant au scénario, on n'évite pas une énième adaptation du bon pauvre et du riche malhonnête, situation qu'un être extraordinaire aura tôt fait de rétablir, façon banale au possible de dire que tout acte se paie un jour et que l'argent n'est pas la clé du bonheur.

On pourrait dès lors se questionner sur l'intérêt de ce programme visiblement destiné uniquement aux plus petits. Mais ce serait sans compter sur les nombreuses qualités du film suivant Les oiseaux blancs , qui sera remonter le niveau dès les premières secondes. Avec une animation impeccable, un design original et précis des personnages (qui permet de différencier un oiseau blanc d'un autre oiseau ... tout aussi blanc !) et une bande son irréprochable, assez proche de l'oeuvre de Joe Hisaishi (compositeur pour Miyazaki et Kitano), Les Oiseaux Blancs est un chef d'oeuvre chargé de mélancolie. Suivant un couple d'oiseaux qui se divisera peu à peu face aux obstacles, cette métaphore sur l'intégrité fait preuve d'une universalité qui saura toucher le plus grand nombre.

Egalement réalisé par Abdellah Almorad, La Montagne aux Bijoux (le court-métrage) n'est malheureusement pas du même niveau. Toutefois, on retrouve une jolie musique originale et une beauté plastique saisissante malgré un graphisme plutôt classique. Le scénario lui aussi éprouve quelques difficultés à sortir des sentiers battus bien qu'il arrive à retenir l'attention fidèle du spectateur tout au long d'une bonne demi-heure de durée.

Tous trois sans dialogues, et réalisés en volume animé image pas image, ces trois courts-métrages concrétisent une alternative au traditionnel dessin animé ou film en images de synthèse dans laquelle les distributeurs tentent de s'immiscer. Puisse cette tendance perdurer... surtout si les productions à venir atteignent le niveau des Oiseaux Blancs !

Olivier BlondeauEnvoyer un message au rédacteur

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire