MONSTRES... PAS SI MONSTRUEUX !
Même pas peur !
Assez disparate, ce recueil de courts-métrages n'en recèle pas moins quelques surprises qui raviront petits comme grands, sans pour autant trop terrifier son monde. Après "Bye bye Bunny", amusante histoire de disparition de lapins et de monde qui vire au chaos (la faute notamment à un lapin géant devenu une sorte de Godzilla que les hommes tentent de détruire...), on passe de l'image de synthèse à un second court tourné en stop-motion à partir de personnages en pâte à modeler.
"Citrouilles et vieilles dentelles" situe son action dans un hospice pour personnes âgées, où un photographe fait croire qu'il réalise un casting pour un film, ce qui déclenche un étrange enthousiasme de la part des petits vieux. C'est sur les apparences que joue ce film d'animation, suggérant un côté monstrueux et potentiellement dangereux chez un vieillard bavard qui ne cesse de jacter, une petite dame qui dort à poings fermés et un vieux en chaise roulante au regard et à l'ombre inquiétante. Irrévérencieux, le film aborde une surprenante bataille entre les femmes de la maison de retraite, pour celui qui est encore « vert ».
Troisième court-métrage, "Cul de bouteille", dans son noir et blanc subtil et crayonné, confirme que tout est question de regard. On y suit un petit garçon, qui lorsqu'il enlève ses lunettes aux verres épais (autrement dit « en culs de bouteille »), voit des monstres partout. Maltraité par ses camarades qui le trouvent différent, il trouve en fait refuge dans ce monde où seul lui voit ces personnages monstrueux, lorsqu'une forme prend une apparence inquiétante...
Dans "Monstre sacré", c'est un surprenant aspect de la monstruosité qui est abordé. Le Monstre du Loch Ness y est en effet victime de sa célébrité. Il n'arrive pas à s'isoler et à passer inaperçu et va accepter de faire partie du star-système, en devenant acteur... Mais on ne lui propose que des rôles de monstre ! Forcément. Perçu comme une menace par la société, même quand il veut faire le bien, son personnage permet d'aborder le thème de la différence, au travers des peurs irrationnelles qu'elle engendre et du désir de celui qui est différent, d'être « comme tout le monde ».
Dénotant un peu par rapport au reste, le dernier court-métrage, "Duo de volailles, sauce chasseur" n'en démérite pas moins, faisant preuve de poésie et de rythme. On y découvre une poule blanche et une poule noire, jouant au chat et à la souris avec un renard chasseur. Le metteur en scène s'amuse, comme les personnages, du contraste entre jour et nuit, l'un des personnages pouvant se dissimuler quand l'autre devient visible. Joli, malin et poétique, la musique et le rythme sont un vrai enchantement dans leur articulation avec le dessin.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur