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MONSIEUR LINK

Un film de Chris Butler

Une épatante animation en stop-motion, pour une aventure rythmée et drôle

Alors qu’ils tentaient de faire une photo du monstre du Loch Ness, Sir Lionel Frost, explorateur découvreur de bêtes mythiques, voit une nouvelle fois son dernier assistant, Monsieur Lint, se faire la malle. Recevant une mystérieuse lettre l’invitant à découvrir le sasqual, sorte de Big Foot vivant dans la forêt, il lance un défit au chef du Club des explorateurs, qui le méprise. Celui-ci accepte de l’intégrer au club s’il ramène une preuve de l’existence du monstre, mais méfiant, lâche aussi un chasseur de prime à ses trousses…

Monsieur Link film animation image

Les studio Laika, auxquels on doit les très réussis "Coraline" et "Kubo et l'armure magique", et les quelque peu décevants "L'Étrange pouvoir de Norman" et "Les Boxtrolls", revient sur le devant de la scène avec un nouveau film en stop motion, de nombreuses marionnettes (échelle 1/5e ou 1/6e) et une bonne dose d'aventure, quelque part entre Jules Verne et Indiana Jones. Sur un scénario très réussi, qui assure niveau rythme et laisse peu de répit au spectateur, "Monsieur Link" mêle esprit de découverte très british, façon Sherlock Holmes, western, et humour des plus modernes.

Il faut dire que le doublage français est aussi de très bonne qualité. Le flegme anglais va comme un gant à Thierry Lhermitte et les interrogations raz du front du « monstre » (le fameux Monsieur Link – jeu de mot avec le « chaînon manquant ») se marient parfaitement avec l’humour d’Eric Judor, ici parfaitement à l’aise dans l’exercice d’une absurdité assumée (voir par exemple le prénom que se choisit le monstre lorsqu’il en a enfin la possibilité...). Les péripéties s’enchaînent donc avec un bon tempo, revisitant au passage des figures obligées des films d’exploration (la rivalité virile…), du western (la bataille au saloon...), ou de la romance (l’attraction-répulsion avec la belle latino…). La mise en scène surprend, donnant avec intelligence du rythme à certaines scènes (les déplacements des meubles alors que le bateau tangue…) et ajoutant une touche d’humour par ci par là (les costumes pour s’échapper à la gare, le baiser lancé par la prostituée puis par le prisonnier...).

Mais le prodige réside aussi ici dans la technique d’animation, parfaitement maîtrisée et qui trouve une nouvelle fluidité dans les expressions des personnages. Le studio Laika a en effet encore innové avec une impression 3D des visages en résine colorée, permettant de démultiplier leurs expressions. Les marionnettes disposent aussi de costumes aux riches textures, mises en avant dans de nombreux plans, et évoluent sur des décors incroyablement riches (les scènes de nuit dans la forêt sont d’une beauté incroyable), complétés par des images de synthèses pour le lointain. Véritable film d’aventures, "Monsieur Link" doit ainsi sa réussite à la réunion de nombreux talents, générant conjointement une animation rodée mais toujours innovante, des décors et costumes d’une richesse impressionnante, des personnages aux traits de caractère bien dosés, une intrigue classique savamment détournée et un humour à l’absurdité assumée.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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