MON MAÎTRE D'ÉCOLE

Certains reprocheront à Émilie Thérond de nous livrer une belle image d'Épinal, un témoignage d'une école française qui n'existe plus, vision nostalgique de ce que les quarantenaires d'aujourd'hui voudraient voir comme l'école éternelle. Il est évident que la classe observée ici semble bien lointaine des représentations des écoles citadines ou de banlieue, comme ont pu en mettre en avant des cinéastes comme Abdellatif Kechiche ou Laurent Cantet et sa palme d'or « Entre les murs ». Mais elle constitue cependant un joli idéal, le film montrant que l'utopie peut donc encore être réalité dans la France d'aujourd'hui.

« Mon maître d'école » nous livre en tout cas un joli portrait, mettant en avant les qualités pédagogiques et diplomatiques d'un professeur soucieux de ne laisser aucun élève à la traîne. Bien sûr il s'agit là d'un cas particulier, où trois classes d'âges différentes se retrouvent en une seule, et où l'enseignant est aussi maire du village. Observant les relations instituteur-élèves avec une distance variable (on la perçoit ponctuellement comme étant dans la classe), la réalisatrice montre la générosité, les petites entorses au règlement, l'inventivité nécessaire au quotidien.

De l'intégration silencieuse et attentive d'un élève attardé et beaucoup plus âgé, au règlement des conflits entre élèves, en passant par les leçons de grammaire et autres dictées, c'est une conception large de l'éducation qui nous est donnée à voir. Un documentaire en forme d'hommage à la dernière année d'exercice d'un homme qui a connu de nombreux parents parmi ses élèves, et qui finit forcément par provoquer quelques irrésistibles larmes.