MON FILS
L'infiltré
Après un "Zaytoun" un peu décevant, Eran Riklis revient en grande forme avec une nouvelle histoire sur fond de conflit israélo-palestinien. Le réalisateur israélien s'inspire ici de deux livres en partie autobiographiques de Sayed Kashua (Les Arabes dansent aussi et La deuxième personne) qui a lui-même adapté ses deux œuvres en scénario. Cette fois, il s'agit plus de disséquer les relations entre juifs et arabes vivant à Israël.
À travers l'histoire d'Iyad qui grandit dans une petite ville arabe d’Israël à l'époque de la guerre du Liban, et qui fait la fierté de son père. Et qui, dix ans plus tard, alors que la guerre du golfe éclate, est accepté dans un prestigieux lycée de Jérusalem. C'est même le seul arabe de l'internat. En classe on se moque de son accent. À l'extérieur, on rit de ses habits désuets. Seule une jolie petite juive, Naomi, s'intéresse à lui, le garçon timide à la bosse de maths et aux yeux verts. À côté de ça, il fait du bénévolat et tient compagnie à Yonatan, atteint d'une maladie qui le cloue sur une chaise roulante. Grâce à l'espiègle Naomi qui deviendra vite sa chérie secrète et Yonatan à l'humour taquin, Iyad finira par s'affirmer et même se faire respecter au lycée.
Sans prétention ni artifice, "Mon fils" charme avant tout grâce à cette proximité que le réalisateur construit entre le spectateur et son personnage principal. L'ensemble du casting est formidable (mention toute spéciale à Yaël Abecassis qui interprète de façon déchirante la mère de Yonatan). On se retrouve très vite happé par la vie de ce garçon attachant autant lorsqu'il a huit ans que 18. Le tout est très bien écrit, présentant une belle palette de positions toutes en nuances et évitant pour la plupart le manichéisme. Cette chronique mélange habilement comédie, drame, histoire d'amitié et d'amour impossible pour un moment de rire et d'émotion. Dommage cependant que le retournement final vienne un peu entacher la crédibilité de l'ensemble...
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur